
lundi 23 janvier 2012
Lycée de Kounkané

Kounkané se trouve dans le département de Vélingara , dans la région de Kolda. Ce lycée est à a sa 5ieme année. Il est dans l'anonymat total. Il est bâti sur du vent: il n'y aucune infrastructure. Rien dans ce lycée ne rappelle une école. Les apprenants étaient obligés de sortir en grève pour obtenir une source d'eau, un puits. Il n'y a pas d’électricité, de bibliothèque, de salle des professeurs, de bureau pour l'administration: le proviseur, le censeur, les surveillants ainsi que les professeur et, d'une certaine façon, les apprenants partagent un abris provisoire tenant lieu de bâtiment administratif. Je ne parle même pas des conditions dans lesquelles les professeurs d'EPS font leurs enseignements. Cet état hors du commun pour un établissement scolaire a un corps professoral de grande qualité. Les professeurs qui y travaillent sont sortis de la FASTEF. Les autorités doivent, non pas aider la population scolaire de Kounkané, justement faire ce pour quoi elles sont appelées "autorités". Il faut faire sortir le lycée de Kounkané de cette tristesse qui n'a pas encore fini de dépraver l'éducation dans cette zone. Les professeurs qui s'y trouvent en veulent et sont prêts à faire des sacrifices. Il y a une urgence : que les autorités se réconcilient avec leurs missions et fassent leurs devoirs!

dimanche 22 janvier 2012
PLAN :
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE SUR PLATON
INTRODUCTION
I-/ STRUCTURE DU MENON
II-/ DE LA VERTU : essai
définitionnel
III-/ LA VERTU : entre
connaissance et opinion vraie
IV-/ DE LA THEORIE DE
LA REMINISCENCE : apprendre, c’est se remémorer
V-/ NOTES SUR LES PERSONNAGES
CONCLUSION
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE SUR PLATON
Platon (v. 428-347 av. J.-C.)
est philosophe grec. Le Vrai, le Beau et le Bien
constituent l’essentiel de la réflexion platonicienne, articulée par la méthode
dialectique, processus permettant d’accéder à la connaissance, au monde des
Idées. Né d’une famille aristocratique athénienne, Platon reçoit
une éducation artistique et littéraire, et manifeste un intérêt pour la
politique de la Cité. Mais sa rencontre avec Socrate détermine sa vocation
philosophique. De ce dernier, Platon devient en effet le disciple, et
l’entreprise philosophique platonicienne sera tout entière empreinte de
l’enseignement socratique et pénétrée de la présence et de la personnalité du
Sage. Lorsque celui-ci est condamné, en 399, Platon est indigné
de la décision d’un tribunal qui révèle l’échec de l’institution politique
athénienne, et est convaincu de la nécessité d’une réforme de la théorie
politique. Il voyage pendant quelque temps après la mort de Socrate, et
entreprend en 388 son premier périple en Sicile, sur l’invitation du tyran
Denys I, en lequel il croit apercevoir le roi-philosophe. Son séjour sera
cependant mouvementé, il rentre à Athènes en 387, et fonde l’Académie,
considérée comme la première école de philosophie. En 366, Platon se laisse
convaincre d’effectuer un nouveau voyage en Sicile, afin d’assurer l’éducation
du nouveau monarque de Syracuse, Denys le Jeune, et de lui enseigner l’art de
gouverner en philosophe. Mais l’expérience échoue une fois encore, et un
dernier séjour en 361 dissuade définitivement Platon d’appliquer ses théories
en matière de politique. Le philosophe consacre les dernières années
de sa vie à enseigner à l’Académie et à écrire. Il meurt à l’âge de
quatre-vingts ans environ, dans sa ville natale en 347 av. J.-C.
(348). L’histoire nous dit que dans sa trajectoire intellectuelle, Platon se
serait rendu trois fois en Egypte.
THEORIE DE LA
CONNAISSANCE CHEZ PLATON
La théorie des Idées (en
grec, eidos) constitue la partie centrale de la philosophie de Platon.
En définitive, c’est dans la perspective de cette théorie que sa conception de
la connaissance, son éthique, sa psychologie, sa vision de la cité idéale et sa
perception de l’art doivent être interprétées.
La théorie des Idées (ou des Formes) de Platon et sa
théorie de la connaissance sont si étroitement liées qu’on doit les examiner
ensemble. Selon Platon, toute connaissance présente deux caractéristiques.
Premièrement, elle doit être certaine et infaillible. Deuxièmement, elle doit
avoir pour objet ce qui est vraiment réel par contraste avec ce qui est
seulement apparence. Comme ce qui est absolument réel est fixe, permanent et
immuable, Platon identifie le réel à la sphère idéale de l’être, les réalités
en soi constituées d’essences, par opposition au monde physique
— sensible — du devenir. Pour lui, donc, la thèse
empiriste, selon laquelle toute connaissance provient de l’expérience des sens
est condamnable : les propositions découlant de l’expérience des sens ont,
tout au plus, un certain degré de probabilité. Elles ne sont pas certaines. De
plus, les objets de l’expérience sensible sont des phénomènes changeants du
monde physique. Ils ne constituent donc pas des objets appropriés de la
connaissance. De même, au rang des représentations
subjectives à proscrire dans la connaissance, Platon place l’opinion. Les
hypothèses ou les affirmations touchant au monde physique ou visible, y compris
les observations du sens commun et les propositions de la science, ne sont que
des opinions. Certaines de ces opinions sont bien fondées ; d’autres ne le
sont pas ; mais aucune d’elles ne peut être considérée comme connaissance
authentique. La connaissance constitue un niveau plus élevé parce
qu’elle met en jeu la pensée plutôt que l’expérience sensible. La pensée doit
être utilisée de façon appropriée, elle mène à des connaissances
intellectuelles qui sont certaines et les objets de ces connaissances
intellectuelles sont les univers permanents, aux substances éternelles qui
constituent le monde réel. Essentiel à la théorie de la
connaissance, est le processus de la « réminiscence ». En effet, ce
monde des essences, des réalités transcendantes, nous l’avons déjà connu, c’est
ce monde des « choses du ciel » où, dans les temps lointains, nos
âmes côtoyaient les dieux. Il s’agira donc pour nous de nous
« ressouvenir » de ce que nous avions oublié.
N.B. Cette partie est reprise de l’Encyclopédie Encarta 2008
INTRODUCTION
Le Menon marque une rupture
annonçant une certaine élévation dans la pensée de Platon. Ce dialogue rompt
avec ceux dits « socratiques »
où Platon fait taire ses idées et expose la conception socratique de la
réalité. Mais dans le Menon, on sent
derrière la tenue de Socrate, le parfum de Platon. Le Menon est un dialogue aporétique :
un dialogue est dit aporétique s’il
n’apporte pas de réponse aux questions soulevées. La seule certitude qu’offre
le Menon est : apprendre, c’est
se ressouvenir. Voilà ce qui justifie l’entretien que Socrate a eu avec
l’esclave invité à résoudre la question de la duplication du carré. Toutefois,
il faut reconnaitre qu’essentiellement le texte tourne autour de ces
interrogations :
- Qu’est-ce
que la vertu ?
- La
vertu s’enseigne-t-elle ?
- Est-elle
naturelle ?
- Peut-on
chercher ce dont on n’a aucune information ?
I-/ STRUCTURE DU MENON
II-/ DE LA VERTU : essai définitionnel
De « La vertu s’enseigne – t- elle ? » on passe à
« Qu’est-ce que la vertu ? »
Menon, interlocuteur convaincu de savoir ce qu’est la vertu, étale un
tapis de vertus ou pour reprendre Socrate « un essaim de
vertus » : celle de l’enfant, de la femme, du vieillard, de l’homme,
du guerrier. Ainsi, Menon donne une
réponse non à la question « qu’est-ce que la vertu ? Il répond plutôt
à la question « qu’est-ce qui est vertueux ? » Autrement dit, sa définition n’offre pas ce
qui fait que toute vertu est vertu. La question du « qu’est-ce que c’est
(…) ? » cherche à exhumer l’essence des choses, ie ce qui fait que la
chose elle-même est ce qu’elle est. Dès lors, nous comprenons que la question
socratique – Qu’est-ce que la vertu ? » vise l’essence de la vertu.
Elle cherche à dire ce que la vertu est fondamentalement, dans essence même. Il
ne s’agit pas de dire que X est vertueux, Y est vertueux ou Z est vertueux. Il
convient de percevoir l’objet de la question et de dire en quoi X, Y et Z sont
dits êtres de vertu.
Socrate montre à Menon que
toutes ces vertus renvoient à une seule vertu. Celle-ci échappe à Menon.
L’entretien va aboutir à un aveu de d’échec et de frustration. Voilà pourquoi
Menon comparera Socrate à la torpille, ce fameux poisson engourdissant ceux qui
l’approchent. Du coup, Socrate reconnait avec Menon que la réponse à la
question « Qu’est-ce que la vertu ? » leur échappe. En
philosophe, Socrate ne se contente guère de cet aveu. Du coup, il invite son
interlocuteur à chercher ce qu’est la vertu.
III-/ LA VERTU : entre connaissance et
opinion vraie
Par connaissance, nous pouvons entendre une opération par laquelle
l’esprit saisit directement ou indirectement
un objet et en tire une idée qui permet la conceptualisation du dit
objet. La connaissance est de l’ordre du raisonnement et de la démonstration et
figure une correspondance, un lien entre l’idée que nous avons de l’objet et
que l’objet représente dans sa phénoménalité. Par « opinion vraie »,
(aletheis doxai), nous pouvons voir une idée qui se rapporte à un objet dont il
est précisé qu’elle n’est pas, à proprement parler, connue. L’opinion vraie est
donc présentée comme formellement équivalente à un jugement vrai sur un objet
vrai, mais qui ne donne pas la connaissance de ce objet.
La phrase inaugurale du dialogue pose :
« Peux-tu me dire, Socrate, si la vertu s’enseigne ? Ou si
elle ne s’enseigne pas mais s’acquiert par l’exercice ? Et si elle ne
s’acquiert point par l’exercice ni ne s’apprend, advient-elle aux hommes par
nature ou d’une autre façon ? »
C’est l’examen de cette interrogation qui commande à voir si la vertu
relève de la science ou non. Et nous comprenons que ce qui relève de la science
peut être enseigné. Ainsi, on en arrive à l’idée selon laquelle la vertu n’est
pas une science : elle est une opinion vraie. Elle est le fruit d’une « faveur
divine » ; d’où la dernière intervention de Socrate dans le
dialogue : « Or, si on suit ce
raisonnement, Menon, il nous apparait que c’est par une faveur divine que la vertu est présente chez
ceux où elle se trouve. »
Ce constat résulte du fait que, discutant avec Anytos, Socrate étale un
tapis d’exemples où toute sorte d’arts
est enseignée. En revanche, la vertu ne s’apprend point. Le Menon est
aporétique. C’est la raison pour laquelle Socrate n’a pas proposé une
définition concise et définitive. Toutefois, il a su proposer des marques à
partir desquelles il est possible d’identifier la vertu. Ainsi, il
note : « Au moyen de se
les procurer, il faut donc, semble-il, que viennent s’adjoindre justice,
tempérance, piété, ou toute autre partie de la vertu ; sinon, ce moyen a
beau servir à se procurer des biens, il ne sera pas la vertu. »
Reconnaissant que « L’homme
bon est un homme utile. », Socrate pense que bonté et utilité
participent de la vertu. Il revient pour noter :
- Une action
guidée par raison est bonne
- Une
action guidée aussi par opinion vraie est bonne
Nous lisons à cet effet : « L’opinion
droite n’est donc en rien moins utile que la science. » Ces considérations de Socrate nous amènent à
voir que connaissance et opinion vraie ne s’acquièrent point par nature. En
d’autres termes, les hommes ne sont pas bons par nature. Nous pouvons
comprendre que la vertu n’est pas une donnée ou disposition partagée entre tous
les hommes. L’homme vertu ne s’est pas donné à lui-même sa vertu. C’est la
divinité qui l’imprime en lui et le dispose à la saisir. C’est de cette saisie
que les hommes sont dits vertueux : la
vertu est l’expérience que l’homme fait de la bonté qu’il reçoit de Dieu.
Tout est jeté dans l’âme par la toute puissance divine. Il appartient à
l’homme de se l’approprier et d’en faire un bon usage. Cet usage est commandé
par la raison. Socrate constate ainsi : « Si donc la vertu est une des choses qui sont des l’âme, et s’il
est nécessaire que cette chose soit utile, elle ne peut être que raison. En
effet, toutes les réalités qui se rapportent à l’âme ne sont par elles-mêmes ni
utiles ni nuisibles, mais c’est selon que la
raison ou l’absence de raison s’y ajoutent, qu’elles deviennent
nuisibles ou utiles. D’après cet argument en tout cas, la vertu, si elle est
utile, doit être une forme de raison. »
Ainsi, il est à noter que la vertu doit servir de boussole, de lumière
à l’existence humaine. C’est une dimension purement spirituelle garantie par la
divinité et qui sert à guider les pas de l’homme dans son voyage vers la
perfection. Or, avec Socrate ; il est établi « Et que le principe qui guide correctement est à la fois utile et
non. »
IV-/ DE LA THEORIE DE LA REMINISCENCE : apprendre, c’est se
remémorer.
Comment chercher une chose que l’on ne connaît pas ? Si on la
retrouve comment on va la reconnaître ? Comment chercher une chose que
l’on connaît puis qu’on la connaît déjà ? Voici la rhétorique de Menon
face à l’invitation socratique consistant à chercher ce qu’est la vertu. Ainsi,
Menon ne voit pas l’intérêt de chercher ce que l’on ignore. Socrate va saluer
cet argument avant de le qualifier d’impuissant pour disqualifier toute
entreprise de recherche. A cet effet, réécoutons ces deux hommes :
- Menon : « Et
de quelle façon chercheras-tu, Socrate, cette réalité dont tu ne sais
absolument pas ce qu’elle ? Laquelle des choses qui en effet tu ignores,
prends-tu comme objet de ta recherche ? Et si même, au mieux, tu tombais
dessus, comment saurais-tu qu’il s’agit de cette chose que tu ne connaissais
pas ? (p. 152)
- Socrate : « Or,
comme l’âme est immortelle et qu’elle renaît
plusieurs fois, qu’elle a vu à la fois les choses d’ici et de celles de
l’Hades (Monde intelligible), ie toutes les réalités, il n’y a rien qu’elle
n’ait appris. En sorte qu’il n’est pas étonnant qu’elle soit capable, à propos
de la vertu comme à propos d’autres choses, avait justement, du moins dans un
temps antérieur, la connaissance. En effet, toutes les parties de la nature
étant apparentées, et l’âme ayant tout appris, rien n’empêche donc qu’en se
remémorant une seule chose, ce que les hommes appellent précisément
’’apprendre’’, on ne redécouvre toutes les autres à conditions d’être courageux
et de chercher sans craindre la fatigue. Ainsi, le fait de chercher et le fait
d’apprendre sont, au total, une réminiscence. » (153-154)
Face à l’argument de Menon consistant à dire : comment chercher ce
dont je ne sais rein ?, Socrate fait appel à la Réminiscence. Il veut montrer et démontrer à son interlocuteur que
parce qu’immortelle, l’âme a eu à contempler toutes les réalités dans le monde
intelligible avant son incarnation dans un corps. L’enjeu fondamental est de
comprendre qu’il s’est produit ce qu’il est convenu d’appeler le « phénomène de l’oubli ».C’est
pourquoi Socrate conçoit que connaître n’est que se ressouvenir. Donc, apprentissage, c’est remémoration : il s’agit de se rappeler, de se ressouvenir,
de ramener à la conscience, à la pensée toutes les choses déjà perçues par
l’âme dans une vie antérieure.
Menon comprend dans la proposition de Socrate : on peut et même
doit chercher ce que l’on ignore. En effet, l’ignorance est la manifestation
même de l’oubli. Ce que nous ignorons n’est ignoré que par l’oubli. Originellement et fondamentalement et de par son âme,
l’homme est savant de toute réalité. A cet effet, le thessalien (Menon) demande
à Socrate de lui enseigner cette
théorie.
Enseigner ? Voilà un terme que Socrate va récuser vigoureusement. En effet,
il demande : « Comment on peut
enseigner ce que l’on ne connaît
pas ? » L’écho qui se dégage de cette considération invite à
comprendre que par un travail de remémoration,
de redécouverte, l’homme peut ré-accéder, re-contempler, re-percevoir
la vérité des choses. Et c’est par démonstration que procédera Socrate pour
faire comprendre à son interlocuteur toute la teneur de cette théorie de la Réminiscence.
C’est ainsi qu’il demandera à Menon d’inviter quelqu’un dans sa suite pour
qu’il lui fasse une démonstration. C’est à partir de ce moment que va
intervenir un esclave de Menon (le Jeune Garçon). Ce dernier est né dans la
demeure de Menon. Il ne l’a jamais quittée. Il n’a reçu aucune éducation,
aucune instruction, aucune formation : il ne connaît rien aux sciences.
Mais, par un jeu de questions/réponses animé par le dialecticien, le
maïeuticien – Socrate -, le Jeune Garçon parvient à construire un carré double
d’un carré donné ; d’où l’équation de la duplication du carré posée dans
le dialogue. Socrate, en sa qualité de praticien de la Maïeutique, en sa
qualité d’excellent pédagogue, amène le néophyte à retrouver des éléments de
géométrie que personne ne lui a jamais enseignés. Avec la pédagogie socratique,
la jeune âme découvre des vérités (ici mathématiques) enfouie en lui . Ainsi,
on croit que Socrate enseigne au jeune homme des notions mathématiques.
Non ! Il l’aide à se ressouvenir, à se rappeler des choses déjà vues ou
perçues par son âme.
Que nous apprend à ce niveau Socrate ? Il nous aide à
comprendre : s’instruire, apprendre,
connaître, c’est se rappeler, se remémorer. Ce dialecticien, aidant les
âmes à ré-accéder à leurs connaissances antérieures, développe et pratique
l’art appelé du nom de Maïeutique. La Maïeutique est la pédagogie socratique
consistant à accoucher les âmes, les aidant à se dépouiller de leur ignorance.
V-/
NOTES SUR LES PERSONNAGES
1- MENON :
Jeune et noble, Menon séjournait à Athènes à la fin du V° siècle.
Originaire de Pharsale, il est venu de Thessalie, province située dans la
partie septentrionale de la Grèce. Platon fait de lui, dans ce dialogue qui
porte son nom, le principal interlocuteur de Socrate. Ce sera Xénophon qui donnera une description
d’un réalisme psychologique assez éloquent sur Menon :
« Pour arriver à
ses fins, la route la plus courte à ses yeux était le parjure, le mensonge, la
fourberie ; pour lui, simplicité et droiture étaient synonymes de naïveté
(…).Tous ceux qu’il savait parjures, criminels, étaient pour lui des gens bien
armés qu’il redoutaient, tant disque ceux qui étaient pieux et pratiquent la
vérité , il s’efforçait de les exploiter comme s’ils eussent manqué de virilité
(…) Ainsi, Menon se faisant gloire d’être habile à duper, à forger des
mensonges, à persifler ses amis. Pour lui, ne pas être capable de tout était un
infaillible manque d’éducation. Et quand il cherchait à obtenir la première
place dans l’affection de quelqu'un, il pensait
qu’il fallait pour l’acquérir calomnier ceux qui l’occupaient avant lui. »
2-
JEUNE GARCON :
Il est issu d’une famille qui était attachée à celle de Menon. Il est
un serviteur dans la suite de Menon. La manière d’après laquelle il suit bien Socrate dans son questionnement et
ses tentatives de réponses montrent qu’il connaît bien la culture. Soumis à une
expérience cognitive, on en arrive à comprendre que son vierge est vierge de
toute information relative aux mathématiques. Toutefois, il dispose de toutes
les compétences et facultés requises pour en savoir quelque chose. En se
servant d’un sujet jeune et ignorant, non-encore-instruit, Socrate renverse une
certaine tendance : on n’accordait, ie on ne reconnaissait le savoir
qu’aux libres et très avancés dans l’âge. Le maître de Platon s’appuie sur une
jeune âme pour, de condition servile pour démontrer le bien fondé de sa thèse
sur l’apprentissage en partant de la théorie de la Remémoration. Ainsi, le néophyte assure un rôle fantastique,
dans la spontanéité et la justesse de ses réponses, qui dépasse les compétences
de son maître, Menon. En dépit de sa servitude, il s’est montré disposé pars son
âme à constater son ignorance et à la dépasser par l’apprentissage ; ce à
quoi ne parvient point l’âme tyrannique de Menon.
3-
ANYTOS :
Remarquons d’abord
qu’Anytos est un ennemi de Socrate. En 399, il devait être l’instigateur du
procès au terme duquel Socrate fut
reconnu coupable et condamné à se tuer en buvant de la ciguë. Appelé Anytos
d’Athènes, il fut un démocrate et un chef politique. Ce serait là, la raison
pour laquelle Socrate a demandé à Menon de convaincre Anytos. De cette
conviction, Athènes pourrait être épargnée du mal qu’elle irait
commettre (il s’agit de l’assassinat de Socrate) : « Tu essaieras de convaincre ton hôte,
Anytos (…), si tu parviens à la convaincre, ce sera au profit des
athéniens. »
4-
SOCRATE
Le Socrate du Menon
ne défend pas de conviction : c’est un personnage invitant ses
interlocuteurs, maîtres ou esclaves, riches ou pauvres, à chercher ce qu’ils
ignorent. C’est personnage dont les qualités de pédagogue, de mathématicien, de
maïeuticien sont très notées. Cet
engouement pour les mathématiques apparait pour la première fois chez Platon
avec le Socrate du Menon. Cet intérêt pour les mathématiques va se retrouver
dans les dialogues ultérieurs. Son intervention ne consiste pas à dire ce que
sont les choses, mais inviter les hommes à avoir confiance en eux et à chercher
l’essence des phénomènes. Dans ce dialogue, Socrate offre une autre
originalité : contrairement au Gorgias dans lequel il critique
vigoureusement les hommes politiques, Socrate leur offre ici une belle posture.
Ce qui explique cette position dans le Menon, c’est qu’il y a une certaine
justesse d’action sans réelle compétence même en philosophie chez les hommes
politiques chez qui l’opinion vraie est bien présente.
CONCLUSION :
Menon ou De la vertu est un dialogue aporétique. Face aux nombreuses
questions soulevées, Socrate n’a proposé aucune réponse savante ou définitive.
Tout l’entretien est une expérience cognitive aidant les interlocuteurs à
prendre conscience de leur ignorance et à chercher à la dépasser par l’apprentissage.
Voilà ce qui amène à voir que Platon expose sa théorie de la connaissance dans
ce dialogue. C’est ce qui a amené Socrate à défendre la thèse de la
Réminiscence. Au-delà de la figure du maître qui est présente pratiquement dans
tous les dialogues, dans le Menon, la
présence sinon la conception platonicienne de la connaissance est présentée.
Autrement dit, le dialogue peut, en effet, être qualifié, non de socratique,
mais de platonicien : il expose Platon dans sa philosophie du connaître.
PHILOSOPHIE: sujets et éléments de réponse
* Dissertation:
1- La philosophie nous détache-t-elle du monde?
2- Vouloir la certitude, n'est-ce pas tuer la philosophie?
3- La raison a-t-elle toujours raison?
4-Philosopher est-ce nier le savoir?
5- Quelle peut être la valeur de la philosophie dans le monde d'aujourd'hui?
Prochainement, nous traiterons ces sujets.
De la candidature de Youssou Ndour?

Une chose est certaine: la candidature de Youssou Ndour est un manque de respect au peuple sénégalais. En revanche, elle reste porteuse d'un message: il n'y a aucun sérieux chez le politique actuellement au Sénégal.
Son talent est incontestable. Il est un modèle de réussite économico-sociale. Ses réalisations sont énormes. Nul n'en doute. En revanche, avoir une bonne mémoire, avoir une voix d'or, avoir été partout dans le monde, avoir fait dansé le monde entier, diriger des entreprises ou des sociétés ne suffisent nullement comme compétences pour prétendre à la suprême administration. La politique n'est pas un jeu d'enfants ou de comédiens ou encore de querelleurs. Certes, c'est un art, mais ce n'est pas n'importe quel art. Pour diriger des hommes, il faut plus que des voyages comme il l'a dit. La politique demande d'énormes ressources, somme toute, intellectuelles. Toutefois, il ne s'agit pas de retenir que les intellectuels sont les plus "intelligents". Ils sont les mieux préparés par leurs trajectoires, leurs formations à la politique, autrement dit à la gestion de la Cité. Dès lors, il faut inviter le chanteur, incontestable et incontesté dans son art, à mettre au service du peuple en lui donner des moyens grâce auxquels il pourrait véritablement exprimer sa volonté et amener les politiques à respecter leurs engagements face au peuple.
Il a l'art de chanter et de faire danser, qu'il laisse les autres exercer leur art!
Du silence
Silence ! Silence !
Nous travaillons. L’absence de silence indispose-t-elle l’homme à
travailler ? Le silence est-il condition nécessaire pour capter l’esprit
et, partant, l’attention des gens ? De toute façon, le silence s’impose à
l’homme pour le rendre présent à
lui-même et au monde. Mais, qu’est-ce que le silence ?
Interroger le
silence, c’est déjà jeter un regard sur la parole. En effet, par silence, nous
entendons d’abord « absence de parole » ; d’où l’exigence
de l’interrogation : qu’est-ce que la parole ? Pour Marie-Porfaux, la
parole se situe entre la faculté et
l’émission du langage articulé. Nous avons ici la capacité d’établir un
discours sonore élaboré au sens d’une extériorisation. Ce qu’il est convenu
d’appeler « la parole intérieure » est l’ensemble des images motrices
d’articulation et de prononciation au moins ébauchées, qui accompagnent la réflexion
et seulement la pensée ». Sans médiation, la pensée passe à la parole proférée.
Voilà ce qui nous rappelle la conception platonicienne de la pensée :
« dialogue intérieur et silencieux de l’âme avec elle-même »[1].
En définissant
le silence, nous passons par la parole dont la définition élargie jusqu’à la
pensée fait jaillir le silence : on passe du silence à la parole, de
celle-ci à celui-là. Le silence n’est silence qu’à coté, sinon, à l’intérieur
du langage ; car la parole qui assure une certaine définition du silence
est un produit du langage : « la faculté de parler et son produit, la
parole, le langage vocal comme fonction d’expression et de communication de la
pensée » (Morfaux).
Dès lors, nous saisissons
le silence comme l’autre de la parole, ce qui s’oppose à la parole, ce qui
rompt avec la parole, mais qui, de toute façon, tout comme la parole,
appartient au langage comme modalité d’expression et de communication. Le
silence est un moment crucial du parler humain qui fait taire le verbum. A travers le verbe, l’homme
découvre l’autre et le pénètre ; à travers le verbe, l’homme découvre le
monde, l’amadoue et le domine. Le verbe est porteur de l’essence, de la
substance des êtres. A travers le silence, le réel se dévoile à nous ;
d’où l’écho qui nous vient de Malebranche : « Le verbe divin en tant
que Raison universelle, renferme dans sa substance les idées primordiales de
tous les êtres. »[2]
Donc, refuser la
parole, c’est condamner l’homme à aborder l’inconnu ; d’où toute
l’inquiétude qu’entretient le silence. Derrière celui-ci, nous retrouvons en
filigrane le mystère, le secret qui installent l’homme dans l’angoisse. Ainsi,
le silence fait peur. Ne se contentant pas du déjà donné, l’homme cherche à
briser le silence par le bruit qui capte l’attention de l’autre et qui finit
par faire de lui un interlocuteur.
I/- DU CALME AU SILENCE : vers la rencontre de soi et de Dieu
Le silence est un instant, un
moment, un temps crucial dans l’existence de l’homme. Ce temps est appelé du
nom d’Avent.
L’homme est un
être de passions, de pulsions, de désirs, un être agité. En tant qu’individu,
il est déterminé par le principe de conservation de soi ». En tant que
corps et esprit, il doit, dans sa dimension corporelle, s’assurer, par cette
terrible tâche appelée travail, le pain quotidien pour ce corps agité rendu fou
par le désir de se nourrir dans un monde
bruyant, caractérisé, de paradoxes, bref le chaos.
Dans sa posture
spirituelle, il doit retrouver la nourriture de l’âme. Celle-ci, une fois
nourrie, permet de gagner encore
l’équilibre qui apaise le cœur et ouvre la voie qui promet la rencontre
d’abord de soi-même et ensuite la communion avec le divin : « Pour
faire en nous le silence, nous devons nous arrêter, cesser de courir ça et là
et de nous agiter, et rester seuls avec nous-mêmes ». Dans le silence,
l’homme fait sa première expérience. A travers son silence, il se découvre
lui-même. Le silence est le moment où le corps, dans toute son étendue, se tait
pour laisser à l’âme la possibilité de se déployer.
Notre corps a
faim de pain ; notre cœur, notre âme ont faim de spiritualité, de Dieu.
Or, Dieu ne parle qu’aux cœurs paisibles, qu’aux âmes sereines. Voilà pourquoi
l’homme doit détruire le bruit pour installer le calme condition nécessaire
pour inviter le silence comme ultime voie d’accès au divin. Il faut semer la
violence en soi, négliger son corps, décevoir les pulsions et passions du corps :
il faut vaincre l’agitation. Dieu nous interpelle, nous parle depuis toujours.
Mais, sa voix est si silencieuse qu’elle se perd dans le bruit assourdissant du
monde et du corps : « Sans le silence, nous ne percevrons pas sa
venue, nous ne l’entendons pas frapper à la porte de notre cœur. » A travers
la prière, l’homme entre en communion avec Dieu. Le silence est le lieu de la
prière comme activité grâce à la quelle l’homme aborde Dieu. Toutes les voies
qui mènent vers l’Eternel érigent domicile dans le silence.
Pascal nous dit
que Dieu n’est sensible qu’au cœur, mais seulement d’un cœur débarrassé de
toute agitation folle qui l’indispose à être attentif. La retraite spirituelle,
le poêle de Descartes nous enseignent que ce qu’il y a de profond, de grand, de
sublime, de divin s’acquiert ou se construit dans le silence. C’est dans le
silence que l’âme s’élève et se saisit comme l’ultime instance grâce à laquelle
l’homme communique avec lui-même d’abord et ensuite avec Dieu. Accompagné de la
solitude, le silence impose la méditation
comme l’acte qui autorise le contact de soi à soi et de soi à Dieu. Autrement
dit, le silence est condition pour dialoguer avec Dieu. Ce n’est pas au marché
que Moise a reçu les 10 Commandements. Les missions prophétiques sont reçues
lorsque l’envoyé, lui-même, repousse ou néglige l’extérieur. Pourquoi la nuit
porte conseils ?
Ne serait-ce pas
l’heure où la conscience, cette profonde voix, se retentit dans le cœur de
l’homme. La conscience, cette voix intérieure, qui nous parle de nous et des
autres, du spectacle intérieur et extérieur, crée la rencontre entre l’homme et
son être, entre l’homme et sa condition, entre l’homme et sa destinée. La voie
de la conscience est comme la voix du divin : elle retentit toujours dans
le cœur de l’homme. Mais, nous pouvons le constater, elle est noyée dans les
mille et une activités de l’extérieur et les désirs et passions du corps :
d’où l’exigence de construire le calme qui promet juste le silence ouvrant la
voix du salut. : « Seul parvient au silence, au calme, celui qui
s’est résisté à sa propre agitation. »
La nuit
profonde, douce et calme, qui ouvre la voie du rêve, montre que le silence est
ce qu’il faut d’abord conquérir pour entreprendre de saisir la vérité.
L’expérience de Descartes en atteste avec sa fameuse nuit mystique et sa chambre
à penser (le Poêle). Averroès n’a t-il pas dit qu’il a vu en songe (encore un
mot qui permet de peindre le silence) Aristote qui lui dit qu’il n’y a pas de
différence entre la philosophie et la pensée musulmane ?
Ces
considérations montrent que l’homme doit tout faire pour se projeter dans le
silence qui verse vers la pensée. En effet, celle-ci, étant notre condition,
nous fait découvrir notre grandeur en nous décrochant de la matérialité et de
l’extériorité du monde. Par la pensée, le silence s’offre comme moyen d’accès à
l’intelligible, à la sphère de l’éternel
où c’est la perception de tout ce qui est grand et noble. Dans sa Pensée 347, Pascal note : « Toute notre dignité consiste (...) en la
pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée
(...).»
II/-LE SILENCE : source d’inquiétude
On a su montrer que le
silence promet le salut, la tranquillité, la quiétude, la paix intérieure.
Ainsi, il est modalité des réconciliations avec soi et de communion avec
l’Eternel : il s’agit, bien entendu, d’une communication avec soi-même
qu’avec son Dieu. Qu’adviendra-t-il si le silence venait à perdre sa dimension
communicationnelle ? Le silence qui ne communique pas agresse.
Si nous
concédons que l’homme est un « être relationnel », nous constatons
que c’est la communication qui entretient cette relation. Autrement dit, tout
ce qui estompe la communication est source de tensions. Le silence est saisi
comme le moment qui précède toute relation et d’ailleurs la communauté des
hommes. L’homme seul échange. Par son ouverture, il brise les barrières qui le
séparent des autres et les invite par le verbe à participer ou à s’associer
pour une mutuelle assistance dans la seule finalité de sauvegarder leurs
vies : « L’homme est un animal social qui a besoin de
communication et des autres. Il faut trouver les moyens de sortir de son
silence.» Cette dernière phrase sonne comme un cri d’alarme. L’homme sait que
le silence est brûlant. Il l’indispose à jouir de lui-même et de la vie.
L’être
silencieux installe la peur dans son entourage. Il est hermétique et
difficilement abordable. Il est mystérieux
et garde la posture de l’inconnu. Le désir de savoir, de comprendre et
de dominer la nature naît de cette peur.
Quelque part, le silence est un refus de parler, de s’exprimer, de rejet de la
parole de l’autre. Ainsi, il est agression, et même mépris. C’est pourquoi
d’aucuns pensent que le silence peut être très violent. Le cri dérange parce
que faisant peur ; et le silence « réprobateur, le silence/mur
peut être aussi terrible que le
cri ».
Il peut
constituer un pouvoir sur autrui, un moyen de pression, de domination, de
torture même.
Je passe devant
la porte, je bute sur le monsieur, je le salue et il ne répond pas. Je me suis
disputé avec mon épouse ; le lendemain, je pars au travail, je la salue
pour décrocher un bisou, elle reste indifférente. Le peuple souffre,
l’inflation est là, la corruption, les problèmes de santé, de sécurité,
d’éducation autant de problèmes qui indisposent les populations et les
autorités font comme si de rien n’était. Ces exemples montrent une situation de
frustration, de mécontentement, d’angoisse, d’humiliation, de tristesse :
toutes choses qui font mal.
Observer le
silence, c’est emprisonner ses ‘‘interlocuteurs’’. C’est les embarquer dans
l’incertain, dans l’inconnu, le mystérieux. Pourquoi l’homme cherche à faire
parler, par tous les moyens, la nature ? Pourquoi le policier, le gendarme
battent le détenu qui refuse d’avouer ? Ces deux questions ont la même
réponse : ils veulent apaiser leur cœur frappé d’incertitude du refus de
parler. Donc, le silence qui entretient le secret, le mystère gère et génère,
en même temps, l’incertitude, le doute. Le silence fait peur, il faut le
briser. Avons-nous peur de la nuit parce qu’elle est noire ou parce qu’elle est
silencieuse ? C’est parce qu’elle est noire qu’elle est silencieuse ;
c’est parce qu’elle est silencieuse qu’elle fait peur. Dans le silence,
s’élèvent toutes choses qui élèvent ou diminuent l’homme ; toutes choses
qui échappent à l’homme. Ce qu’il y a de fantastique ici, c’est que l’homme qui
a peur du silence s’offre volontiers au silence : il le saisit comme
refuge, comme échappatoire. Il utilise le silence pour briser le silence qui
fait mal.
Dés lors, le
silence se donne comme réaction face à une situation difficile, délicate. C’est
un retour vers soi pour échapper au danger éminent. Ainsi, derrière le silence
nous pouvons retrouver le malaise, l’angoisse, la peur. Et le silence tient
lieu de réaction-solution face à une situation-probléme ; d’où l’exigence de le cultiver : « Le
silence s’apprend et c’est important de savoir se taire. » Observer le
silence, c’est rentrer chez soi, se mettre à l’abri du danger et se
reposer : c’est respirer profondément !
III/- LE SILENCE, simple possible
Le silence
est-il silencieux ? Le silence existe-il véritablement ? Tout compte
fait, écoutons cette note de Marie Christine Forget : « Il n’existe
donc pas de silence proprement dit, mais un bruissement incessant , ce qui est,
en fait, la véritable nature du silence. » Autrement dit, le silence n’est
pas silencieux. Il est fait de bruits, de sons, de danse de mots. Le silence
est une « relative absence sonore » et une « présence
‘‘bruitique’’ de sons variés ». Le silence s’élucide dans la parole qui
n’est rien d’autre qu’un ‘‘bruit organisé ’’. Il se crée dans la parole pour entendre la
voix de celle-ci. Il frôle le mythe dont l’ambition est de confisquer l’impact
et la force du bruit pour offrir ainsi à l’homme la condition de possibilité
d’une bonne écoute.
Chez John Cage,
nous retrouvons l’idée selon laquelle : le silence est « les bruits
dont nous ne voulons pas » et la musique « les bruits que nous organisons ».
Cage introduit les notions de bruit, de hasard, d’indétermination dans la
musique et trace ainsi une nouvelle perspective. Pour lui, l’approche qui
assimile silence et mort est très simpliste. Il proclame : le silence est
une tonalité musicale. Le silence n’est pas en dehors de la musique, il est à
l’intérieur, dans son cœur même. Cage nous dit que le silence est un signe
musical.
Dès lors, toutes
les barrières entres bruit, son et silence se détruisent : « Le
silence est un son dans lequel s’annulent toutes différenciations entre le
compositeur et le chaos, le silence musical et le silence de la vie
quotidienne. » Le silence refuse toute séparation avec le son et le bruit.
Ainsi, il n’est pas pour autant silence. Cette idée de Cage est
justiciable de ce constat : le langage peut constituer un obstacle
dans la saisie des sons, des messages ou des discours. Le langage s’autodétruit
en produisant le silence qui, par la saisie du discours, fait renaître le
lange. Le langage comporte et parole et silence : parole comme expression
et silence comme modalité de saisie de l’expression. Le silence n’est pas
silencieux. L’homme qui observe ne fait qu’intérioriser son discours. Le
silence est mythe, il n’est pas réalité ; ou du moins, il n’existe que
sous le mode dilué : c’est
toujours un discours aussi inaudible soit-il.
On ne tiendra
jamais un discours exhaustif sur le silence. Il ne s’appréhende que dans la
parole généreuse en soi : pour dire le silence, il faut tuer le silence.
Or, tuer le silence, c’est activer le verbe. Soyons « l’oiseau de
Minerve » : laissons le verbe se déployer et au terme duquel, surgira
le silence. Si la définition du silence passe par sa mort même, sa
compréhension, elle, commande véritablement sa manifestation.
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