dimanche 22 janvier 2012

                                               LECTURE DU MENON DE PLATON

                                                                   PLAN :
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE SUR PLATON
INTRODUCTION
I-/ STRUCTURE  DU MENON
II-/ DE LA VERTU : essai définitionnel
III-/ LA VERTU : entre connaissance et opinion vraie
IV-/ DE LA THEORIE DE LA REMINISCENCE : apprendre, c’est se remémorer
V-/ NOTES SUR LES PERSONNAGES
                                                      CONCLUSION


NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE SUR PLATON
Platon (v. 428-347 av. J.-C.) est philosophe grec. Le Vrai, le Beau et le Bien constituent l’essentiel de la réflexion platonicienne, articulée par la méthode dialectique, processus permettant d’accéder à la connaissance, au monde des Idées. Né d’une famille aristocratique athénienne, Platon reçoit une éducation artistique et littéraire, et manifeste un intérêt pour la politique de la Cité. Mais sa rencontre avec Socrate détermine sa vocation philosophique. De ce dernier, Platon devient en effet le disciple, et l’entreprise philosophique platonicienne sera tout entière empreinte de l’enseignement socratique et pénétrée de la présence et de la personnalité du Sage. Lorsque celui-ci est condamné, en 399, Platon est indigné de la décision d’un tribunal qui révèle l’échec de l’institution politique athénienne, et est convaincu de la nécessité d’une réforme de la théorie politique. Il voyage pendant quelque temps après la mort de Socrate, et entreprend en 388 son premier périple en Sicile, sur l’invitation du tyran Denys I, en lequel il croit apercevoir le roi-philosophe. Son séjour sera cependant mouvementé, il rentre à Athènes en 387, et fonde l’Académie, considérée comme la première école de philosophie. En 366, Platon se laisse convaincre d’effectuer un nouveau voyage en Sicile, afin d’assurer l’éducation du nouveau monarque de Syracuse, Denys le Jeune, et de lui enseigner l’art de gouverner en philosophe. Mais l’expérience échoue une fois encore, et un dernier séjour en 361 dissuade définitivement Platon d’appliquer ses théories en matière de politique. Le philosophe consacre les dernières années de sa vie à enseigner à l’Académie et à écrire. Il meurt à l’âge de quatre-vingts ans environ, dans sa ville natale en 347 av. J.-C. (348). L’histoire nous dit que dans sa trajectoire intellectuelle, Platon se serait rendu trois fois en Egypte.

THEORIE DE LA CONNAISSANCE CHEZ PLATON
La théorie des Idées (en grec, eidos) constitue la partie centrale de la philosophie de Platon. En définitive, c’est dans la perspective de cette théorie que sa conception de la connaissance, son éthique, sa psychologie, sa vision de la cité idéale et sa perception de l’art doivent être interprétées.
La théorie des Idées (ou des Formes) de Platon et sa théorie de la connaissance sont si étroitement liées qu’on doit les examiner ensemble. Selon Platon, toute connaissance présente deux caractéristiques. Premièrement, elle doit être certaine et infaillible. Deuxièmement, elle doit avoir pour objet ce qui est vraiment réel par contraste avec ce qui est seulement apparence. Comme ce qui est absolument réel est fixe, permanent et immuable, Platon identifie le réel à la sphère idéale de l’être, les réalités en soi constituées d’essences, par opposition au monde physique — sensible — du devenir. Pour lui, donc, la thèse empiriste, selon laquelle toute connaissance provient de l’expérience des sens est condamnable : les propositions découlant de l’expérience des sens ont, tout au plus, un certain degré de probabilité. Elles ne sont pas certaines. De plus, les objets de l’expérience sensible sont des phénomènes changeants du monde physique. Ils ne constituent donc pas des objets appropriés de la connaissance. De même, au rang des représentations subjectives à proscrire dans la connaissance, Platon place l’opinion. Les hypothèses ou les affirmations touchant au monde physique ou visible, y compris les observations du sens commun et les propositions de la science, ne sont que des opinions. Certaines de ces opinions sont bien fondées ; d’autres ne le sont pas ; mais aucune d’elles ne peut être considérée comme connaissance authentique. La connaissance constitue un niveau plus élevé parce qu’elle met en jeu la pensée plutôt que l’expérience sensible. La pensée doit être utilisée de façon appropriée, elle mène à des connaissances intellectuelles qui sont certaines et les objets de ces connaissances intellectuelles sont les univers permanents, aux substances éternelles qui constituent le monde réel. Essentiel à la théorie de la connaissance, est le processus de la « réminiscence ». En effet, ce monde des essences, des réalités transcendantes, nous l’avons déjà connu, c’est ce monde des « choses du ciel » où, dans les temps lointains, nos âmes côtoyaient les dieux. Il s’agira donc pour nous de nous « ressouvenir » de ce que nous avions oublié.
N.B. Cette partie est reprise de l’Encyclopédie Encarta 2008

INTRODUCTION
Le Menon marque une rupture annonçant une certaine élévation dans la pensée de Platon. Ce dialogue rompt avec ceux dits  « socratiques » où Platon fait taire ses idées et expose la conception socratique de la réalité. Mais dans le Menon, on sent derrière la tenue de Socrate, le parfum de Platon. Le Menon est un dialogue aporétique : un dialogue est dit aporétique s’il n’apporte pas de réponse aux questions soulevées. La seule certitude qu’offre le Menon est : apprendre, c’est se ressouvenir. Voilà ce qui justifie l’entretien que Socrate a eu avec l’esclave invité à résoudre la question de la duplication du carré. Toutefois, il faut reconnaitre qu’essentiellement le texte tourne autour de ces interrogations :
-       Qu’est-ce que la vertu ?
-       La vertu s’enseigne-t-elle ?
-       Est-elle naturelle ?
-       Peut-on chercher ce dont on n’a aucune information ?  


I-/ STRUCTURE DU MENON

II-/ DE LA VERTU : essai définitionnel
De « La vertu s’enseigne – t- elle ? » on passe à « Qu’est-ce que la vertu ? »
Menon, interlocuteur convaincu de savoir ce qu’est la vertu, étale un tapis de vertus ou pour reprendre Socrate « un essaim de vertus » : celle de l’enfant, de la femme, du vieillard, de l’homme, du guerrier.  Ainsi, Menon donne une réponse non à la question « qu’est-ce que la vertu ? Il répond plutôt à la question « qu’est-ce qui est vertueux ? »  Autrement dit, sa définition n’offre pas ce qui fait que toute vertu est vertu. La question du « qu’est-ce que c’est (…) ? » cherche à exhumer l’essence des choses, ie ce qui fait que la chose elle-même est ce qu’elle est. Dès lors, nous comprenons que la question socratique – Qu’est-ce que la vertu ? » vise l’essence de la vertu. Elle cherche à dire ce que la vertu est fondamentalement, dans essence même. Il ne s’agit pas de dire que X est vertueux, Y est vertueux ou Z est vertueux. Il convient de percevoir l’objet de la question et de dire en quoi X, Y et Z sont dits êtres de vertu.
 Socrate montre à Menon que toutes ces vertus renvoient à une seule vertu. Celle-ci échappe à Menon. L’entretien va aboutir à un aveu de d’échec et de frustration. Voilà pourquoi Menon comparera Socrate à la torpille, ce fameux poisson engourdissant ceux qui l’approchent. Du coup, Socrate reconnait avec Menon que la réponse à la question « Qu’est-ce que la vertu ? » leur échappe. En philosophe, Socrate ne se contente guère de cet aveu. Du coup, il invite son interlocuteur à chercher ce qu’est la vertu.
III-/ LA VERTU : entre connaissance et opinion vraie
Par connaissance, nous pouvons entendre une opération par laquelle l’esprit saisit directement ou indirectement  un objet et en tire une idée qui permet la conceptualisation du dit objet. La connaissance est de l’ordre du raisonnement et de la démonstration et figure une correspondance, un lien entre l’idée que nous avons de l’objet et que l’objet représente dans sa phénoménalité. Par « opinion vraie », (aletheis doxai), nous pouvons voir une idée qui se rapporte à un objet dont il est précisé qu’elle n’est pas, à proprement parler, connue. L’opinion vraie est donc présentée comme formellement équivalente à un jugement vrai sur un objet vrai, mais qui ne donne pas la connaissance de ce objet.
La phrase inaugurale du dialogue pose :
« Peux-tu me dire, Socrate, si la vertu s’enseigne ? Ou si elle ne s’enseigne pas mais s’acquiert par l’exercice ? Et si elle ne s’acquiert point par l’exercice ni ne s’apprend, advient-elle aux hommes par nature ou d’une autre façon ? »
C’est l’examen de cette interrogation qui commande à voir si la vertu relève de la science ou non. Et nous comprenons que ce qui relève de la science peut être enseigné. Ainsi, on en arrive à l’idée selon laquelle la vertu n’est pas une science : elle est une opinion vraie. Elle est le fruit d’une « faveur divine » ; d’où la dernière intervention de Socrate dans le dialogue : « Or, si on suit ce raisonnement, Menon, il nous apparait que c’est par une  faveur divine que la vertu est présente chez ceux où elle se trouve. »
Ce constat résulte du fait que, discutant avec Anytos, Socrate étale un tapis d’exemples  où toute sorte d’arts est enseignée. En revanche, la vertu ne s’apprend point. Le Menon est aporétique. C’est la raison pour laquelle Socrate n’a pas proposé une définition concise et définitive. Toutefois, il a su proposer des marques à partir desquelles il est possible d’identifier la vertu. Ainsi, il note : « Au moyen de se les procurer, il faut donc, semble-il, que viennent s’adjoindre justice, tempérance, piété, ou toute autre partie de la vertu ; sinon, ce moyen a beau servir à se procurer des biens, il ne sera pas la vertu. »
Reconnaissant que « L’homme bon est un homme utile. », Socrate pense que bonté et utilité participent de la vertu. Il revient pour noter :
-       Une action guidée par raison est bonne
-       Une action guidée aussi par opinion vraie est bonne
Nous lisons à cet effet : « L’opinion droite n’est donc en rien moins utile que la science. »  Ces considérations de Socrate nous amènent à voir que connaissance et opinion vraie ne s’acquièrent point par nature. En d’autres termes, les hommes ne sont pas bons par nature. Nous pouvons comprendre que la vertu n’est pas une donnée ou disposition partagée entre tous les hommes. L’homme vertu ne s’est pas donné à lui-même sa vertu. C’est la divinité qui l’imprime en lui et le dispose à la saisir. C’est de cette saisie que les hommes sont dits vertueux : la vertu est l’expérience que l’homme fait de la bonté qu’il  reçoit de Dieu.
Tout est jeté dans l’âme par la toute puissance divine. Il appartient à l’homme de se l’approprier et d’en faire un bon usage. Cet usage est commandé par la raison. Socrate constate ainsi : « Si donc la vertu est une des choses qui sont des l’âme, et s’il est nécessaire que cette chose soit utile, elle ne peut être que raison. En effet, toutes les réalités qui se rapportent à l’âme ne sont par elles-mêmes ni utiles ni nuisibles, mais c’est selon que la  raison ou l’absence de raison s’y ajoutent, qu’elles deviennent nuisibles ou utiles. D’après cet argument en tout cas, la vertu, si elle est utile, doit être une forme de raison. »
Ainsi, il est à noter que la vertu doit servir de boussole, de lumière à l’existence humaine. C’est une dimension purement spirituelle garantie par la divinité et qui sert à guider les pas de l’homme dans son voyage vers la perfection. Or, avec Socrate ; il est établi « Et que le principe qui guide correctement est à la fois utile et non. »
IV-/ DE LA THEORIE DE  LA REMINISCENCE : apprendre, c’est se remémorer.
Comment chercher une chose que l’on ne connaît pas ? Si on la retrouve comment on va la reconnaître ? Comment chercher une chose que l’on connaît puis qu’on la connaît déjà ? Voici la rhétorique de Menon face à l’invitation socratique consistant à chercher ce qu’est la vertu. Ainsi, Menon ne voit pas l’intérêt de chercher ce que l’on ignore. Socrate va saluer cet argument avant de le qualifier d’impuissant pour disqualifier toute entreprise de recherche. A cet effet, réécoutons ces deux hommes :
-       Menon : « Et de quelle façon chercheras-tu, Socrate, cette réalité dont tu ne sais absolument pas ce qu’elle ? Laquelle des choses qui en effet tu ignores, prends-tu comme objet de ta recherche ? Et si même, au mieux, tu tombais dessus, comment saurais-tu qu’il s’agit de cette chose que tu ne connaissais pas ? (p. 152)
-       Socrate : « Or, comme l’âme est immortelle et qu’elle renaît  plusieurs fois, qu’elle a vu à la fois les choses d’ici et de celles de l’Hades (Monde intelligible), ie toutes les réalités, il n’y a rien qu’elle n’ait appris. En sorte qu’il n’est pas étonnant qu’elle soit capable, à propos de la vertu comme à propos d’autres choses, avait justement, du moins dans un temps antérieur, la connaissance. En effet, toutes les parties de la nature étant apparentées, et l’âme ayant tout appris, rien n’empêche donc qu’en se remémorant une seule chose, ce que les hommes appellent précisément ’’apprendre’’, on ne redécouvre toutes les autres à conditions d’être courageux et de chercher sans craindre la fatigue. Ainsi, le fait de chercher et le fait d’apprendre sont, au total, une réminiscence. » (153-154)
Face à l’argument de Menon consistant à dire : comment chercher ce dont je ne sais rein ?, Socrate fait appel à la Réminiscence. Il veut montrer et démontrer à son interlocuteur que parce qu’immortelle, l’âme a eu à contempler toutes les réalités dans le monde intelligible avant son incarnation dans un corps. L’enjeu fondamental est de comprendre qu’il s’est produit ce qu’il est convenu d’appeler le « phénomène de l’oubli ».C’est pourquoi Socrate conçoit que connaître n’est que se ressouvenir. Donc, apprentissage, c’est remémoration : il s’agit de se rappeler, de se ressouvenir, de ramener à la conscience, à la pensée toutes les choses déjà perçues par l’âme dans une vie antérieure.
Menon comprend dans la proposition de Socrate : on peut et même doit chercher ce que l’on ignore. En effet, l’ignorance est la manifestation même de l’oubli. Ce que nous ignorons n’est ignoré que par l’oubli. Originellement et fondamentalement et de par son âme, l’homme est savant de toute réalité. A cet effet, le thessalien (Menon) demande à Socrate de lui enseigner cette théorie.
Enseigner ? Voilà un terme que Socrate va récuser vigoureusement. En effet, il demande : « Comment on peut enseigner ce que l’on  ne connaît pas ? » L’écho qui se dégage de cette considération invite à comprendre que par un travail de remémoration, de redécouverte, l’homme peut ré-accéder, re-contempler, re-percevoir la vérité des choses. Et c’est par démonstration que procédera Socrate pour faire comprendre à son interlocuteur toute la teneur de cette théorie de la Réminiscence. C’est ainsi qu’il demandera à Menon d’inviter quelqu’un dans sa suite pour qu’il lui fasse une démonstration. C’est à partir de ce moment que va intervenir un esclave de Menon (le Jeune Garçon). Ce dernier est né dans la demeure de Menon. Il ne l’a jamais quittée. Il n’a reçu aucune éducation, aucune instruction, aucune formation : il ne connaît rien aux sciences.
Mais, par un jeu de questions/réponses animé par le dialecticien, le maïeuticien – Socrate -, le Jeune Garçon parvient à construire un carré double d’un carré donné ; d’où l’équation de la duplication du carré posée dans le dialogue. Socrate, en sa qualité de praticien de la Maïeutique, en sa qualité d’excellent pédagogue, amène le néophyte à retrouver des éléments de géométrie que personne ne lui a jamais enseignés. Avec la pédagogie socratique, la jeune âme découvre des vérités (ici mathématiques) enfouie en lui . Ainsi, on croit que Socrate enseigne au jeune homme des notions mathématiques. Non ! Il l’aide à se ressouvenir, à se rappeler des choses déjà vues ou perçues par son âme.   
Que nous apprend à ce niveau Socrate ? Il nous aide à comprendre : s’instruire, apprendre, connaître, c’est se rappeler, se remémorer. Ce dialecticien, aidant les âmes à ré-accéder à leurs connaissances antérieures, développe et pratique l’art appelé du nom de Maïeutique. La Maïeutique est la pédagogie socratique consistant à accoucher les âmes, les aidant à se dépouiller de leur ignorance.
V-/  NOTES SUR LES PERSONNAGES
1-      MENON :
Jeune et noble, Menon séjournait à Athènes à la fin du V° siècle. Originaire de Pharsale, il est venu de Thessalie, province située dans la partie septentrionale de la Grèce. Platon fait de lui, dans ce dialogue qui porte son nom, le principal interlocuteur de Socrate.  Ce sera Xénophon qui donnera une description d’un réalisme psychologique assez éloquent sur Menon :
« Pour arriver à ses fins, la route la plus courte à ses yeux était le parjure, le mensonge, la fourberie ; pour lui, simplicité et droiture étaient synonymes de naïveté (…).Tous ceux qu’il savait parjures, criminels, étaient pour lui des gens bien armés qu’il redoutaient, tant disque ceux qui étaient pieux et pratiquent la vérité , il s’efforçait de les exploiter comme s’ils eussent manqué de virilité (…) Ainsi, Menon se faisant gloire d’être habile à duper, à forger des mensonges, à persifler ses amis. Pour lui, ne pas être capable de tout était un infaillible manque d’éducation. Et quand il cherchait à obtenir la première place dans l’affection de quelqu'un, il  pensait qu’il fallait pour l’acquérir calomnier ceux qui l’occupaient avant lui. »


2-      JEUNE GARCON :
Il est issu d’une famille qui était attachée à celle de Menon. Il est un serviteur dans la suite de Menon. La manière d’après laquelle il  suit bien Socrate dans son questionnement et ses tentatives de réponses montrent qu’il connaît bien la culture. Soumis à une expérience cognitive, on en arrive à comprendre que son vierge est vierge de toute information relative aux mathématiques. Toutefois, il dispose de toutes les compétences et facultés requises pour en savoir quelque chose. En se servant d’un sujet jeune et ignorant, non-encore-instruit, Socrate renverse une certaine tendance : on n’accordait, ie on ne reconnaissait le savoir qu’aux libres et très avancés dans l’âge. Le maître de Platon s’appuie sur une jeune âme pour, de condition servile pour démontrer le bien fondé de sa thèse sur l’apprentissage en partant de la théorie de la Remémoration.  Ainsi, le néophyte assure un rôle fantastique, dans la spontanéité et la justesse de ses réponses, qui dépasse les compétences de son maître, Menon. En dépit de sa servitude, il s’est montré disposé pars son âme à constater son ignorance et à la dépasser par l’apprentissage ; ce à quoi ne parvient point l’âme tyrannique de Menon.
3-      ANYTOS :
Remarquons d’abord qu’Anytos est un ennemi de Socrate. En 399, il devait être l’instigateur du procès au terme duquel Socrate  fut reconnu coupable et condamné à se tuer en buvant de la ciguë. Appelé Anytos d’Athènes, il fut un démocrate et un chef politique. Ce serait là, la raison pour laquelle Socrate a demandé à Menon de convaincre Anytos. De cette conviction, Athènes pourrait être épargnée du mal qu’elle irait commettre (il s’agit de l’assassinat de Socrate) : « Tu essaieras de convaincre ton hôte, Anytos (…), si tu parviens à la convaincre, ce sera au profit des athéniens. »
4-      SOCRATE
Le Socrate du Menon ne défend pas de conviction : c’est un personnage invitant ses interlocuteurs, maîtres ou esclaves, riches ou pauvres, à chercher ce qu’ils ignorent. C’est personnage dont les qualités de pédagogue, de mathématicien, de maïeuticien sont très notées.  Cet engouement pour les mathématiques apparait pour la première fois chez Platon avec le Socrate du Menon. Cet intérêt pour les mathématiques va se retrouver dans les dialogues ultérieurs. Son intervention ne consiste pas à dire ce que sont les choses, mais inviter les hommes à avoir confiance en eux et à chercher l’essence des phénomènes. Dans ce dialogue, Socrate offre une autre originalité : contrairement au Gorgias dans lequel il critique vigoureusement les hommes politiques, Socrate leur offre ici une belle posture. Ce qui explique cette position dans le Menon, c’est qu’il y a une certaine justesse d’action sans réelle compétence même en philosophie chez les hommes politiques chez qui l’opinion vraie est bien présente.
CONCLUSION :
Menon ou De la vertu est un dialogue aporétique. Face aux nombreuses questions soulevées, Socrate n’a proposé aucune réponse savante ou définitive. Tout l’entretien est une expérience cognitive aidant les interlocuteurs à prendre conscience de leur ignorance et à chercher à la dépasser par l’apprentissage. Voilà ce qui amène à voir que Platon expose sa théorie de la connaissance dans ce dialogue. C’est ce qui a amené Socrate à défendre la thèse de la Réminiscence. Au-delà de la figure du maître qui est présente pratiquement dans tous les dialogues, dans le Menon, la présence sinon la conception platonicienne de la connaissance est présentée. Autrement dit, le dialogue peut, en effet, être qualifié, non de socratique, mais de platonicien : il expose Platon dans sa philosophie du connaître. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire