jeudi 24 juillet 2014

MANDELA

MANDELA

Mandela? Silence, vous autres!

Mandela n'était ni un dieu ni un prophète. En revanche, cet homme a su réaliser sa condition humaine et actualiser la part divine semmeillant en tout humain. Ce culte traditionnellement réservé aux divinités qui lui est témoigné traduit tout le manque de sérieux, de grandeur, de profondeur, de vertu pour ainsi dire d'humanité des dirigeants actuels. La grandeur de Mandela résulte du fait qu'il a su être humain. Humain, il à vécu, << trop humain>> même. Le génie <<Mandelaéen>> est son amour pour son peuple, son refus sans faille des injustices, des discriminations, des exclusions. Mandela, un homme d'exception! Mandela, inextinguible flamme. Mandela, autrement dit la vertu et le courage personnifiés. Cette célébration faite à son honneur, en son nom traduit toute la bassesse des dirigeants du monde. Mandela a su échapper aux singeries politico- politiciennes. Son image est belle, mais cette beauté à nulle autre pareille exhume toute la laideur de ces bas hommes politiques des temps modernes. Si le monde veut magnifier son amour, sa reconnaissance, son respect à Mandela, alors les dirigeants- décideurs de ce simulacre de monde doivent divorcer d'avec l'hypocrisie et, partant, épouser le Modèle- Mandela. Prononcer le nom <<Mandela>>, c'est psalmodier le divin. Le temps, l'oubli et la mort sauront qu'il y a des hommes qui leur échappent, et Mandela est de ceux- là.
Sa pureté, sa vertu, son courage, son sens élevé de l'Humain sont parvenus à un état tel qu'il devait s'éloigner. Il s'est écarté de la terre, là où ça pue encore. Je pense que les dieux ont le droit d'être jaloux de Mandela. Humain, Mandela a reçu les honneurs d'un dieu! Quel humain parmi ceux qui vivent encore peut marcher sur le chemin de cet être d'exception?

dimanche 28 juillet 2013

DE LA DÉGRADATION DES MŒURS EN MILIEU SCOLAIRE

               DE LA DÉGRADATION  DES MŒURS EN MILIEU SCOLAIRE


Il s’agit de voir le sens du thème, de préciser  le problème que pose le thème, d’indiquer les intérêts que soulève le thème, de  dire les enjeux  du problème.
Ainsi, nous nous posons la question : qu’est-ce que nous entendons par « Dégradation des mœurs en milieu scolaire » ? Jouons avec les mots pour y voir plus clair.
-          D’abord, qu’est-ce que la dégradation ?
En physique, nous avons le principe de la dégradation de l’énergie. Ce principe est tiré du théorème de Cournot établi en 1824 et généralisé en 1850 par Clausius. C’est  ce qu’on appelle le second principe de la thermodynamique. Que dit ce principe ?
Une machine thermique ne peut fonction sans déplacement d’une source  chaude à une source froide ; la chaleur ne peut donc être transformée en travail sans chute de température, ce qui a pour conséquence qu’une partie de la chaleur dissipée par un travail mécanique ou un échange d’énergie ne peut être récupérée sous forme de travail. Ainsi, dans un système thermique isolé, et là surgit notre notion, se produit une dégradation irréversible de l’énergie, tout en restant, à travers ses transformations, constante en quantité (conservation de l’énergie), tend à déchoir de ses formes supérieures à des formes non utilisables, du moins en totalité (ie chaleur).
Dés lors, par dégradation, nous pouvons  entendre détérioration graduelle. La dégradation est un processus naturel ou provoqué tendant vers l’état d’avilissement ou de déchéance. C’est le fait de s’abaisser moralement, de dégrader. Dégrader, c’est perdre en dignité, en valeur, en grandeur. C’est une perte ontologique.  Voilà ce qui nous rappelle la dégénérescence. 
Dégénérer, pour une réalité ou pour un être, c’est se dépraver, perdre sa qualité. C’est une altération amenant une réalité à une forme inférieure.  C’est retourner à un état antérieur dont le dépassement    résulte de l’évolution. Ainsi, dégradation, dégénérescence figurent la dégringolade, la décadence, toute chose qui rappelle une chute comme en physique sauf qu’ici, il s’agit d’une chute ontologique, d’une chute métaphysique : c’est l’être qui est victime d’un préjudice, d’une dévalorisation, d’une dévaluation ontologique. Apparait en filigrane l’idée d’une mort.
Ainsi, la dégradation figure un processus tuant à petit  feu une réalité. Qu’est-ce qui est promis à une mort ici ? Qu’est-ce qui dégénère ? Qu’est-ce qui se dégrade ? Il s’agit, voyez-vous, des mœurs.  A ce niveau arrêtons-nous un peu sur la notion de mœurs.  Qu’est-ce que nous pouvons entendre par  mœurs ?
Le mot part du latin mores qui veut dire « genre de vie », usages, coutumes. En sociologie, elles désignent : « un ensemble observable des usages pratiques et coutumes communs dans un type social donné ». Avec Montesquieu, nous comprenons que les mœurs se distinguent des lois civiles. En effet, l’auteur de De l’esprit des lois écrit : « Il y a cette différence entre les lois et les mœurs que les lois règlent plus l’action des citoyens et les mœurs les actions des hommes. » Lévy Bruhl dit que la science des mœurs qu’il nomme « sociologie morale » devrait se substituer aux morales théoriques impossibles et inutiles. Du coup, la lecture moralisante des mœurs consiste à les considérer comme des lunettes-valeurs appartenant à un type social bien précis de juger du point de vue moral (approbation – désapprobation) les conduites selon des normes admises de façon plus ou moins explicite. Dans cette lecture moralisante, les mœurs  renvoient au comportement qui pose la problématique de la moralité sexuelle.  L’activité sinon la vie sexuelle des individus qui évoluent ensemble, ie qui appartiennent à la même sphère sociale,  reste soumise  - cette vie sexuelle- à un jugement moral dont le critérium est sans conteste les représentations  socio-culturelles. 
Ces représentations socio-culturelles participent du processus de socialisation, d’acculturation des différents individus. Excusez-moi de cette fâcheuse répétition : de toute façon les individus sont toujours différents. Le principe leibnizien des indiscernables nous enseigne qu’il n’existe pas deux être identiques dans la nature.
Reprenons notre propos sur  la moralité qui n’est rien d’autre que la conformité de l’action individuelle aux valeurs ou représentations prévalant dans le groupe social. Tout le monde comprend que c’est la société qui prend en charge l’insertion de l’individu dans le moule social. Pour ce faire, elle l’inscrit sur une trajectoire socialisante. C’est dans ce contexte bien précis que l’école est reçue comme instrument de la société dans la réalisation  de son objectif consistant à amener les individus à faire épouser les valeurs, les aspirations, les références, les représentations socio-culturelles. 
Voilà ce qui nous amène à considérer la troisième notion du thème : le milieu scolaire. Il s’agit, voyez-vous,  de l’école.
Du grec scholè et du latin schola, école veut dire loisir. Elle figure l’occupation d’un homme de loisir. Dans l’antiquité gréco-latine, l’école représente un groupe de philosophes professant une thèse commune sous la direction d’un Magister. Nous avons comme exemple : l’école et l’Académie de Platon, l’école et le Lycée d’Aristote.  L’Ecole qui s’écrit avec un « E » majuscule désigne la philosophie du Moyen –Age enseignée dans les écoles et les universités.
L’approche pédagogique moderne nous parle du concept de « nouvelle école » véhiculant une éducation centrée, par une sorte de révolution copernicienne, sur l’enfant, sur ses intérêts et ses aptitudes à la création. Cette approche s’oppose à l’école traditionnelle qui considère le maître comme le modèle que l’enfant doit chercher à égaler. Ainsi, si vous me suivez bien, vous notez avec moi que l’école est une institution qui renvoie à trois réalités : la société, l’enseignant et l’apprenant.
Dés lors, si nous parlons de la dégradation des mœurs en milieu scolaire, nous posons que la société, l’enseignant et l’apprenant sont les acteurs – voyez-vous - de cette dégradation de la moralité dans cette institution qui se nomme école.  Mais qu’est-ce que l’on gagne à parler de la dégradation des mœurs, de la perte des valeurs en milieu scolaire ? Nous cherchons à inviter les uns et les autres à une à autocritique, à une introspection, à un examen de soi  par soi. La dégradation des mœurs est un phénomène qui interpelle tout le monde. Par conséquent, en parler, c’est chercher à jouer sa partition en tant que nous sommes êtres sociaux, qui avons réussi le processus de socialisation et qui devons effectivement et rigoureusement participer au vernissage de ces jeunes à qui on dédie l’avenir de nos cités.
Chacun de nous doit absolument répondre de ses actes.  Dans ce contexte où nous parlons de dégradation des mœurs, nous allons penser avec vous (permettez moi de rire puis que toute  pensée est subjective) la part de responsabilité de la société, la part de responsabilité de l’enseignant et ainsi en déduire celle de l’enfant.
La charpente de la lecture est ainsi établie :
1-      De  l’étiologie de la dégradation des mœurs ?
2-      Quelles sont les conséquences de ce phénomène ?
3-      Peut-on penser des solutions pour une réévaluation, une régénération du tissu éthico-scolaire?
C’est sur ces questions que je vais bâtir ma communication.
II-/ DE L’ETIOLOGIE DE LA DEGRADATION DES MŒURS EN MILIEU SCOLAIRE
Il s’agit d’exhumer  ici les raisons expliquant ce phénomène qui nous réunit aujourd’hui.
Considérant l’acuité de la crise de l’adolescence féminine aux Etats-Unis et les profondes perturbations qu’elle provoque, Margaret Mead aborde la société samoa (pays de Polynésie, appartenant à l’archipel des Samoa, dans l’océan Pacifique) avec la question : En est-il de même partout ? Ses investigations lui permettent de répondre par la négative. La puberté chez les jeunes samoans est un phénomène purement biologique et ne provoque aucun problème d’ordre psychologique. Elle ne provoque non plus aucun signe ni aucun risque de désadaptation sociale. Conçue comme un monde harmonieux, la société samoa permet aux enfants et aux adolescents de s’adapter progressivement au milieu social par une éducation souple et ouverte. Un climat de liberté sexuelle prépare la jeune fille à la vie adulte du mariage.
Dans ses travaux en Nouvelle Guinée, Margaret Mead a entrepris de préciser la part du biologique et celle du conditionnement social dans les rôles respectifs tenus par l’homme. Elle constate que chez les Apresch que les comportements masculin et féminin se confondent et sont plutôt du genre « doux ». Il n’existe pas de compétition entre les deux sexes, qui se partagent, sans distinction, les principales tâches sociales. Ce tempérament est cultivé chez les enfants par une éducation pleine de tendresse et d’affection. En revanche, les Mundugor ont un caractère violent. Les enfants sont élevés durement et souvent maltraités afin qu’ils apprennent à se défendre. Toutefois il n’existe aucune différenciation considérable entre la psychologie de l’homme et celle de la femme.
Chez les Chabuli, il existe bien une différence entre les rôles masculin et féminin. Mais, cette différence se distingue de celle que l’on retrouve dans la civilisation occidentale entre la femme et l’homme.
Le tempérament des hommes Chambuli est doux et artistique, tandis que les femmes ont la responsabilité de la vie sociale, l’initiative dans le domaine sexuel et constituent un groupe homogène face aux hommes.
Que nous vaut ce détour ?  Il s’agit de comprendre ici que rien donc de ce qui nous semble naturel dans les traits de caractères des deux sexes ne l’est en fait, mais est la résultante du conditionnement social. Il n’y a pas de différence de nature mais seulement de culture. Dénonçant l’ethnocentrisme, Mead tire de ses enquêtes la leçon du relativisme ethnologique. En mettant en évidence la prépondérance du culturel, elle montre par là même la possibilité de le changer et donc de l’améliorer. Dés lors, vous pouvez comprendre avec moi que la dégradation des mœurs est un phénomène lié fondamentalement à la question socio-culturelle. Donc, les individus qui fréquentent l’école sont des produits de la société. C’est ainsi que Guy Rocher écrit dans le tome 1 d’Introduction à la sociologie générale : « La culture et la société se trouvent dans chaque personne et chaque personne est intégrée à l’organisation sociale. » 
Qu’est-ce que tout ceci veut dire. Nous voulons justement vous faire noter que la dégradation des mœurs en milieu scolaire est l’une des conséquences de  la crise des valeurs en société.
En effet, les principes moraux, religieux, éthiques sont bafoués. Les références se déchirent. La société est frappée par la corruption, la concussion, la prostitution, la drogue et tout ce qui tombe sous leur compréhension. Elle n’a plus de repère. Le tissu social est déchiré par une autorité politique froide et menteuse, par des chefs religieux dont le faire retrouve le parfum de la prostitution politico-économique. Des chefs de familles qui mentent devant ceux qu’ils doivent éduquer, qui vendent de la drogue, qui se font avoir et mal traités devant leur famille confisquent à leurs enfants toute possibilité d’avoir un « soin » - pour parler comme Kant qui sied à la condition humaine. Une mère jouit dans les insultes, un père qui s’impose par arrogance sont des anti-modèles pour la société et pour leur progéniture. A cause de la pauvreté, les référentiels  - soutouro, ngor, kersa, fayda, fouleu, jom, mandu sont pratiquement jetés dans les poubelles de l’histoire.
Regardons nos chefs religieux, coutumiers, regardons ceux qui se disent gardiens des traditions, regardons les hommes politiques, regardons les acteurs sociaux, regardons chez enseignants, regardons ce qui se passe dans les services, dans l’administration, dans les foyers, regardons ce qui se passe dans les hôpitaux, dans  les casernes, regardons ce qui se passe dans le milieu artistique, partout où vous regardez, ca pue ! Et ce parfum nous remplit les poumons et la tête à chaque fois que nous entrons à l’école. Puis que l’école est une institution sociale tout ce qui s’y trouve n’est que le prolongement des dérèglements fous qui sont notés dans la société. En d’autres termes, la chute vertigineuse des valeurs, de la moralité en milieu scolaire n’est rien d’autre que l’expression pure de l’échec de la société à honorer sa mission civilisatrice, de purification, d’acculturation, d’éducation, d’instruction. Emmanuel Kant soutient : « Chaque génération éduque l’autre génération. ». Voilà messiers et mesdames toute la question : Qu’est-ce qu’éduquer ?   Ecoutons ainsi la phrase inaugurale du Traité pédagogique de Kant : « L’homme est la seule créature qui soit susceptible d’éducation. Par éducation l’on entend les soins (le traitement, l’entretien) que réclame son enfance, la discipline qui le fait homme, enfin l’instruction avec la culture. Sous ce triple rapport, il est enfant, — élève — et écolier. »

Le plus dramatique est que l’école aujourd’hui est remplie non d’enseignants mais de pseudo-enseignant qui ne comprennent rien en la matière et croyant qu’éduquer et instruire c’est venir devant des néophytes et cracher certains mots savants. Kant dit pour éduquer, il faut être bien éduqué. Paraphrasant Jouvet pour qui « Il ne faut point accorder la science à ceux qui n’ont point de vertu. », nous disons que l’éducation ne doit point être confiée à ceux qui n’ont point de vertu.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Braquons notre caméra sur l’école. Laxisme, arrogance, insolence, indiscipline, impolitesse, ignorance, irresponsabilité, inconstance, constipation : voilà autant de mots qui font les maux de l’école. Regardez ce professeur qui, en 2007, avait engourdi, je blague, engrossé 7 filles. Regardez cet enseignant qui, s’habillant comme « fou-malade », cherche à professer. Regardez cet enseignant qui en vient aux mains avec un élève parce que voulant avoir de l’autorité  sur lui devant une jeune femme après qui il court. Réécoutez  cet enseignant qui se cache derrière les langues locales et négligent la langue de Molière. Les espaces ruraux offrent le plus bel exemple.
J’accuse ainsi l’enseignant qui, par ignorance ou par imbécilité, n’honore pas le contrat qui le lie à la société, à l’Etat, à la condition humaine. Il faut plus de responsabilité, de déontologie, de respect, de sérieux, d’abnégation. Croyez-vous que seuls les apprenants sont responsables de la dégradation des mœurs ? Pensez-vous que l’enseignant est sacro-saint ? Comment un professeur limité et qui s’offre tel à ses élèves ose exiger un quantum de respect ?
Ces considérations amènent à voir que dans le milieu scolaire les enseignants et l’administration entretiennent fâcheusement toutes les bassesses, les bêtises : c’est un état candide affichant toute la désolation confisquant même toute possibilité de rendre à la condition humaine sa dignité. Pour tout adulte, éduquer est un devoir au sens kantien du terme. Pourquoi ? Réécoutons la définition qu’Alain donne  à l’enfant : « J'appelle enfant l'être humain en pleine croissance, avant la formation, avant les passions (altruisme) qui s'y rattachent, avant qu'il ait le souci de gagner sa vie, ou ce qui est la même chose, avant qu'il puisse s'instruire par directe expérience, donc nourri, gouverné, et protégé par la famille. Nous voyons depuis plus de 10 ans que des enseignants font non le cours mais la cour. Des professeurs font chanter des apprenantes parce que ces dernières refusent de les retrouver dans leurs immondices. Le docteur Momar Ndoye, psychothérapeute à l’hôpital Fann dit que cette situation s’explique par un manque de professionnalisme.  
Mais, l’école n’est pas faite d’enseignants. Enseignant n’est enseignant qu’à côté des apprenants ; d’où la question : en quoi consiste la responsabilité des élèves dans la dégradation des valeurs ?
Certes, ils sont des victimes d’un système corrompu, fou fonctionnant laborieusement. Mais, ils étalent toute une constipation qui les indispose à épouser cette note de Kant « Ainsi, par exemple, on envoie d’abord les enfants à l’école, non pour qu’ils y apprennent quelque chose, mais pour qu’ils s’y accoutument à rester tranquillement assis et à observer ponctuellement ce qu’on leur ordonne, afin que dans la salle ils sachent tirer à l’instant bon parti de toutes les idées qui leur viendront. »
Ils considèrent que les enseignants comme une menace pour eux. Ils manquent de respect, de considération, de décence, de retenue. La plus part d’entre eux ne croient plus aux études et ont perdu toute culture des livres. C’est cette catégorie qui sape l’autorité scolaire. Ils n’ont rien compris et croient avoir tout compris. Ils veulent savoir et ne veulent pas rester disciples. Ils affichent arrogance, indiscipline, insolence et une candeur qui donne la nausée. Ils font des insultes une monnaie d’échange.  Qu’est-ce qui se passe dans leur tête ?
Ces enfants sont des victimes. En effet, ils sont agressés par la télévision, le cinéma, la paralittérature, l’internet. Ce qu’ils subissent dans leurs familles, ce qu’ils reçoivent dans la société participent de ce qui forge leur être. Ils s’inscrivent dans l’idéologie globalisante qui réduit la condition humaine au modèle américain. Voilà ce qui explique le déracinement.
Croyant que le paradigme négro-africain est caduc, ils aspirent à d’autres types référentiels de coloration occidentale. La notion de déracinement en arrive à poser de nouvelles catégories. Les apprenants, parce que connectés  au reste du monde via internet,  créent de nouveaux repères, de nouveaux cadres, de nouvelles représentations. Celles-ci s’entendent comme des anti-valeurs. C’est l’adulte qui figure le « vieillard bachelardien » qui les considère comme telles. Ce sont des non-valeurs qui se veulent des valeurs. Elles dépassent les traditionnelles valeurs par de nouvelles qui les inscrivent et les maintiennent en connexion avec le reste du monde. Les acteurs de l’éducation, les parents, la société restent responsables de la perte des valeurs en milieu social et, partant,  scolaire. D’aucuns considèrent que les milieux urbains souffrent plus de la dégénérescence des mœurs, des valeurs. Cette vision n’est pas aussi pertinente que cela. En effet, la famille peut appartenir au rural tout comme à l’urbain. La différence apparait sous cette note de Rocher : « La famille de milieu rural offre en général à l’enfant moins de possibilité de développement mental que la famille de milieu urbain. » Tout cela participe de ce qui va forger l’être de l’enfant. C’est d’ailleurs pour cette raison Kant soutient que l’éducation doit commencer de bonne heure.

    Ainsi, l’étiologie de la dégradation des mœurs se réduit en un triangle : Société – Enseignant- Apprenant. En d’autres termes, c’est le système social qui est en dérèglement et qui a causé  et qui cause encore, si vous voulez, cette décadence, cette perte des valeurs.

II-/ QUELLES SONT LES CONSEQUENCES ?
Rappelons juste un détail que tout le monde sait ou doit savoir : l’école est le prolongement de la socialisation.  Elle est instituée pour installer des fondamentaux : inculquer les valeurs, les références, les aspirations, les normes, les interdits, les idéaux.
Dés lors, la dégradation des mœurs constitue un frein à ce projet de socialisation. Du coup, les conséquences peuvent s’établir ainsi :
-          Etat conflictuel : entre enseignant et apprenant, apprenant et administration scolaire
-          Crise scolaire
-          Conflit psychologique
-          Confusion des rôles
-          Transformation / changement / modification sociaux
-          Crise identitaire
-          Recherche d’autorité et de repère
-          Déracinement
-          Crise de personnalité
-          Perte de soi
-          Echec scolaire
-          Déviance
-          Marginalité
-          Transgression
Au regard de ces conséquences désastreuses, il faut essayer d’élaborer des solutions pour une remontée, ie une régénération.

III/ PEUT-ON PENSER DE SOLUTIONS?

Il faut repréciser les 6 fonctions canoniques de l’école :
·         La fonction d’éducation et de formation
·         La fonction de socialisation
·          La fonction d’inculcation idéologique 
·          La fonction de reproduction 
·          La fonction de sélection
·          Fonction de promotion collective et de développement
Ce sont ces fonctions qui  vont permettre à la société de bien instrumentaliser l’école et prolonger en elle son travail d’éducation et d’acculturation, de socialisation.
-          Il faut accorder du crédit à la note du docteur Ndoye  et faire preuve de professionnalisme, de sérieux, de déontologie.
-          Il faut mettre les enseignants au parfum des nouvelles théories pédagogiques. 
-          Il faut que la société et l’Etat contrôlent l’action de ses acteurs.
-          Il faut que l’impunité cesse à tous les niveaux de la société et de l’Etat.
-          Les enseignants ont des défis énormes à relever : il faut d’abord qu’ils soient convaincus de ce qu’ils font.
-          Qu’ils cessent d’entrer dans le métier par effraction.
-          Qu’ils comprennent que lorsqu'ils  ratent leur mission, c’est toute l’humanité qui en souffre.
-          Que les enseignants prennent conscience que nous sommes dans le paradigme mondialisant et qu’ici seules les compétences sont à faire valoir. Et l’école assure – c’est sa mission même – ces compétences aux jeunes citoyens.
-          Il faut faire de la réussite scolaire un crédo
-          Que l’on cesse d’avoir cette fâcheuse idée de se dire : " on est  en milieu rural".
-          Nous devons être des citoyens du Monde et vivre en tant qu’agent kantien.
Ainsi, j’invite mes collèges et tous les acteurs sociaux à relire cette remarque du moraliste allemand : «De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors
du monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est
seulement une BONNE VOLONTÉ. »

Ma réflexion est juste une lecture-invitation consistant à dire que notre société souffre de références et de repères, de principes et de valeurs. Notre école cherche à former, à forger un citoyen qui est imbu des toutes les valeurs de l’homo sénégalensis (jom, téranga, kersa, fouleu, liguey, ngor, etc), de toutes les aspirations sénégalaises mais qui s’ouvre (ce type de sénégalais) au monde et se réalise en tant qu’humain à part entière. Les valeurs nous décrochent de notre condition naturelle  et nous élèvent à la dimension du Bien qui est la plus profonde des valeurs. Faire le bien, c’est déjà cheminer vers Dieu en qui nous retrouvons la promesse du bonheur. La moralité dans la philosophie portique réside en l’action adéquate qui assure la quiétude s’ouvrant sur la béatitude. 


jeudi 5 avril 2012


DU culturel
A Macky Sall et Abdoul Mbaye qui ne savent pas « ce que culture veut dire »

Parler de la culture, c’est rendre compte de l’œuvre et de l’ingéniosité humaines. L’idée de culture verse vers une certaine notion de travail : cultiver, c’est travailler. La culture renvoie à l’œuvre humaine en tant que celle-ci se veut  dépassement et négation de la naturalité de l’homme.  La culture est un processus d’acquisition de nouvelles dispositions et aptitudes consolidant les conditions d’existence de l’homme. Cultiver la terre ou cultiver l’esprit, le concept reste le même : enrichir l’élément sur lequel porte cette opération. Cultiver, c’est mettre en valeur.
Ainsi, par le travail, l’homme aspire à transformer sa nature propre et celle qui l’environne.  Le travail, aux yeux de Hegel, est négation et dépassement : la nudité naturelle est niée ou dépassée par le vêtement, le cri ou gémissement naturels par la parole ou langage articulé. La problématique est de percevoir que l’homme, et l’homme seul, est capable de nier ou de dépasser la nature parce que disposé à se mettre face à elle : l’animal fait corps avec la nature ou se prolonge en elle.
La culture figure le travail prenant forme dans le projet d’humaniser  le  « zoon logikon » ainsi que la nature. Elle renvoie à cette activité transformatrice du « déjà là » et productrice d’infrastructures (ponts, routes, hôpitaux, établissements scolaires, terrains des sports, marchés  pour ne citer que ceux-là.  Dès lors, nous pouvons comprendre que l’existence humaine est ponctuée d’artifices : rien de ce que fait l’homme, rien de ce qui fait l’homme  n’est naturel. La réalité humaine est foncièrement culturelle. Dire l’homme, c’est déjà parler du culturel. Il est un animal, et, partant un être de la nature ; mais il est un animal particulier, car refusant sa condition naturelle ; d’où l’écho qui nous vient de Georges Bataille : « Je pose en principe un fait peu contestable : que l’homme est l’animal qui n’accepter pas le donné naturel, qui le nie. »
La culture est tout ce qui porte l’empreinte humaine. Elle figure la notion de travail ainsi que tout ce que celle-ci engage : production de biens, de matériels, d’objet, d’outils (langage, science, religion, etc.) La culture est aussi le mode d’être d’un peuple, d’une société : ses aspirations, ses valeurs, ses croyances, ses idéaux, son passé. C’est la façon bien précise qu’un peuple ou société voit et entreprend la vie.  Jacques Maquet remarque: « Une culture est ensemble complexe d’objets matériels, de comportements, d’idées, acquis dans une mesure variable par chacun des membres d’une société déterminée »
La saisie effective de l’homme, dans son existence, montre qu’il s’est à jamais décroché de sa nature originelle. Sous cet angle, la culture s’offre comme cet ensemble historiquement et géographiquement défini des institutions caractéristiques d’un type de société bien précis et qui figure « non seulement les productions artistiques, scientifiques, religieuses et philosophiques d’une société, mais encore ses techniques propres, ses coutumes politiques et les mille usages qui caractérisent la vie quotidienne ». (Margaret Mead)
La nature humaine est, dans le même temps, soumise à ce « travail du négatif » (Hegel) dont les couleurs sont fournies par la culture. Dans la dynamique de l’anthropologie anglo-saxonne, la culture témoigne de cette série de représentations de comportements ou conduite, de procédés acquis par les groupes humains en tant que société. Rappelons que la « société » est proprement humaine et qu’il faut la distinguer des « communautés animales » régies par  le seul déterminisme naturel.  Dans la vie de l’homme, l’acte biologique  est toujours accompagné d’une image socio-culturelle : manger est un acte biologique et la modalité du manger porte les empreintes d’une socio-culture bien déterminée. C’est la culture qui a appris à l’homme à habiller, tatouer, orner, maquiller son corps : toute chose rappelant le dépassement et la négation du naturel par le culturel. C’est ainsi que Marcel Mauss parle des « techniques du corps » dont il dit qu’elles sont l’apanage de  l’homme.
La culture s’applique  également à l’intellect. La raison est certes naturelle (comme la langue, organe rendant possible le parler). En revanche, le raisonnement est culturel : l’homme a appris à raisonner, à penser, à calculer. Rousseau dira à cet effet que  l’être raisonnant est « un animal dépravé ». La raison est en latence chez l’homme et a besoin de stimulant pour être opérationnelle. Les astuces, qui la réveillent,  relèvent de l’éducation. L’homme est naturellement préparé à parler, mais, c’est la société qui lui apprend une langue plutôt qu’une autre. C’est l’opérationnalité de la raison qui permet  de retrouver une possibilité  de rendre souples, malléables les plussions. Ce travail rappelle  l’invitation kantienne à éduquer de « bonne hure » les enfants afin de les préparer à devenir humains.  L’homme n’est pas  né humain. Il doit le devenir. Il s’agit d’une humanisation ; d’où l’écho qui nous vient de Kant : « La discipline transforme l'animalité en humanité. Par son instinct,  un animal est déjà tout ce qu'il peut être, une raison étrangère a déjà pris soin de tout pour lui. Mais l'homme doit user de sa propre raison. Il n'a point d'instinct et doit fixer lui-même le plan de sa conduite. » Par « discipline », Kant entend « éducation » qui, d’une manière ou d’une autre,intègre l’homme dans le dispositif socio-culturel. Il s’agi de l’acculturation qui s’entend comme le processus par lequel « l’homme »  accède au stade d’humain via la culture.
Du coup, nous soutenons : le culturel ne se réduit et ne saura se réduire au folklorique. Le théâtre, la musique, le cinéma, la danse né définissent pas le culturel. Certes, ils participent des formes d’expression de la culture. Mais, ils ne tiennent pas lieu de la culture. La culture, en vérité, est beaucoup plus sérieuse, beaucoup  plus  profonde, beaucoup plus belle  que ces pittoresques représentations. La culture est l’âme même des sociétés humaines. C’est ce qui les fait vivre. Dire la culture, c’es dire l’essence des groupes humain. La culture est ce sans quoi l’humanité bascule inéluctablement vers la nature qu’elle a déjà quittée.  L’histoire, les traditions, les religions, les valeurs, le permis, l’interdit, les règles ou normes sociales, les repères axiologiques, les us, les coutumes, les aspirations, bref l’existence même : voici le culturel. La culture, c’est la vie même. Rien de ce que l’homme fait, rien de ce qu’est l’homme ne sort du culturel.
La culture est le mode d’être d’un peuple. C’est la modalité par laquelle la société conçoit la vie et établit ses  références. Il y a plusieurs peuples, plusieurs sociétés. En d’autres termes, chacune des sociétés rencontrées offre une culture bien précise dont l’arrière-fond reste cet « ensemble articulé de représentations, de croyances, de valeurs qui constitue la grille de lecture à travers » (François Chenet) laquelle elle interprète et négocie sa propre existence. Aucune de ces cultures ou modes d’être des sociétés ne peut ni doit revendiquer le titre de supériorité : toutes les cultures se valent. Voilà pourquoi le relativisme en arrive à l’idée d’un pluralisme des paradigmes culturels.
Le mépris culturel, nourri le plus souvent par l’occident et dû à un complexe de supériorité, montre une certaine étroitesse, une certaine fermeture de l’esprit occidental sur lui-même. En effet, dans ses réflexions sur la « nature humaine », Edgar Morin considère qu’elle est riche dans les principes d’égalité et d’identité. En revanche, le contenu que l’on reconnait à l’idée d’une « nature humaine » souffre d’une rupture avec la réalité même ; d’où cette remarque de Morin : « La vacuité physique et biologique de son contenu était en fait remplie par les images socio-culturelles propres à l’occident moderne. Une telle vision réductrice ne pouvait concevoir la diversité et la différence »
Ainsi, avec le relativisme valorisant le différencialisme et le dialogue des cultures, dans leur diversité, variété et richesse, devient une réalité qui interpelle tout le monde. Autrement dit, le relativisme culturel montre qu’une culture n’en est une, véritablement, que lorsqu’elle s’identifie à elle par rapport aux modes d’être des autres sociétés. Une culture perd son essence si, par rejet, mépris ou exclusion, qui, sous forme idéologique, renvoient à l’ethnocentrisme européo-centrique, s’auto-proclame la culture de l’Humanité, la référence en terme de culture dans le monde. L’intelligibilité des cultures, leur portée humaine, les condamne à l’ouverture et à l’acceptation des autres en tant qu’ils sont différents. Chaque peuple, nous apprend le relativisme culturel, a sa propre manière d’être et de se représenter le monde (religions, langues, croyances, valeurs, aspirations, normes, etc.). C’est, sous cet angle, qu’apparait toute le richesse culturelle de l’Humanité. Mais, un tel constat poserait problème quant à l’unité même du genre humain. Comment comprendre, dans le pluralisme socio-culturel, les idées d’ « homme universel », de « citoyen du monde », de l’ « unité de l’homme » ? Au-delà du défférentialisme culturel, est-il possible de retrouver une essence humaine, une constante dans cette multiplicité de cultures disponibles ? Est-il légitime de chercher, au-delà des hommes, l’Homme ? Ces questions reprennent la fameuse question : Existe-il une nature humaine ?
Avec les résultats des enquêtes ethnologiques et anthropologiques, il est légitime de soutenir : l’homme est un être de culture. C’est sa nature qui le porte à nier le « déjà-là ». Il refuse sa naturalité et celle des choses. L’homme est ainsi négation de l’animalité. Il tend à une valeur sinon à une mise en valeur  du naturel par le biais d’une activité, négatrice, productrice et transformatrice appelée du nom de travail qui, somme toute, renvoie à la « culture ». Contrairement à l’animal, l’homme est un être qui cherche toujours à se dépasser pour une meilleure prise en charge de soi. A interroger toutes les cultures, dans leur diversité, leur variété et richesse, on retrouve l’idée de refus du simple naturel (Bataille). Elles font toutes la remarque selon laquelle la nature souffrirait d’un certain manque dont l’artéfact, l’autre nom pour dire le culturel, serait le palliatif.

Rien d’extraordinaire, seulement des généralités sur la notion de culture.
Un peu de sérieux quand on parle du culturel !



 Du philosopher ? 

 Du philosopher ? 
Bergson : « Il faut un supplément d’âme à l’utilité. »
Lao Tseu : « Connaitre les autres est connaissance ; se connaître soi-même est connaissance supérieurs. Dominer les autres est puissance ; se dominer soi-même est puissance supérieure.»

Le destin de la philosophie est à jamais lié à la marche du monde et à l’existence humaine. De Qu’est-ce que la philosophie ? à A quoi sert la philosophie ?,  les enjeux sont énormes, les finalités lourdes et les perspectives très riches. Que gagne l’homme en philosophant ? Qu’est-ce que la philosophie promet à l’homme ? Quelle est  la vie de l’homme sans la philosophie ? Descartes dit « C’est vivre, les yeux fermés sans jamais tâcher de les ouvrir que de vivre sans philosopher. » L’homme a élaboré le mythe, la religion, la magie, l’art, la science, la philosophie toujours pour améliorer ses conditions d’existence. Ces considérations posent l’ultime question de l’utilité, sinon de l’actualité, de la philosophie. Face à l’ascension fulgurante des techno-sciences, la philosophie a-t-elle encore un mot à dire ? Qu’est-ce que philosopher aujourd’hui ?
Depuis Platon, pour ne pas dire depuis Socrate, la fréquentation de la philosophie permet à l’homme de distinguer le vrai du faux, l’être du paraitre. Autrement dit, la philosophie libère l’homme de l’ignorance. Dans le Lâchés, Platon dit : « Ne désespérez pas, car chacun a les moyens de se sauver de l’ignorance coupable pourvu qu’il veuille regarder au-dedans de lui-même. » C’est là, une invite à fréquenter la philosophie qui promet en dernier lieu la science supérieure, ie la sagesse, à l’homme. L’homme doit, en tant qu’il vit, agir. Mais, l’action de l’homme dit être présidée par un savoir avéré,  par la raison. Il doit éviter de se tromper et doit faire le bien. Pour ce faire, il lui faut une connaissance de ce que les choses sont en elles-mêmes au-delà de leur apparence. Une telle connaissance est garantie par la philosophie. Ainsi, l’une des fonctions de la philosophie est de libérer l’homme de l’ignorance.
La vie a-t-elle un sens ? Mérite-t-elle la peine d’être vécue ? Quelle est sa valeur ? Pourquoi la vie ? Pourquoi la mort ? Pourquoi le mal ? Qu’est-ce que le bien ? Qui est Dieu ? Existe-t-il ? N’est-il pas illusion ? Pourquoi la souffrance ? Qu’est-ce que la liberté ? Quelle est la destinée de l’homme ? Ces interrogations posent, en filigrane, la problématique du sens de l’existence. Face à l’absurdité, à l’angoisse, à la dureté de la vie, à la perte des valeurs, à la recherche de soi, la philosophie offre un discours apaisant l’âme humaine troublée par les vicissitudes de la vie. Là où Gangrin crie : « Qui m’a joué le tour de me jeter dans ce monde sans me demander mon consentement ? Je n’ai pas été candidat et me voici ! »,  André Comte Sponville invite à la sérénité : « La philosophie calme la conscience malheureuse ». Elle cherche à donner sens à l’existence humaine, à amener l’homme à comprendre sa condition pour une meilleure prise en charge soi. . Elle explique tout  ce qui advient dans la vie. Pour les stoïciens, tout ce qui arrive,  arrive justement, ie nécessairement. Autrement dit, l’homme doit comprendre et accepter qu’il ne maîtrise pas tout dans la vie. Il fau, dès lors, poser Dieu comme ultime cause, ultime raison devant expliquer et sous-tendre tout ce qui existe. C’est dans sa science supérieure qu’il organise l’existence et lui donne une certaine logique de marche. L’homme, pour sa quiétude, doit s’accommoder à la loi divine de la nécessité. Voilà pourquoi la philosophie assure une pensée sur l’existence de l’homme. Elle est une pensée qui doit fonder en bien l’action humaine. Elle sert de guide, de béquilles, de support, de lumière à l’humanité. En tant qu’elle cherche la vérité et le pourquoi des  choses,  elle est cette pensée qui explique l’existence et lui donne un certain sens assurant ou promettant à l’homme la quiétude, porteuse de la promesse de la béatitude.  Le discours philosophique cherche la paix. Il s’agit de la paix physique  -paix du corps – et de la paix spirituelle – paix de l’esprit-. Elle travaille à garantir à l’homme l’apathie et l’ataraxie. C’est ainsi que la philosophie promet à l’homme la sagesse dont il besoin pour une existence calme, sereine. Descartes considère à cet effet : « Ce mot de philosophie signifie l’étude de la sagesse ;  et (…) par sagesse, on n’entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais aussi une parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l’invention de tous les arts. »
 Nul n’ignore l’importance des sciences et des techniques dans la vie de l’homme. Mais, elles ne doivent pas être laissées à elles-mêmes. Au-delà de l’avoir, il y a chez l’homme l’être. C’est pour cette raison que l’élan embarquant les ambitions techno-scientifiques doit être défini sur la base des dimensions morales, éthiques, esthétiques de l’homme : il faut placer la dignité ontologique de l’homme au cœur de l’entreprise cognitive. La philosophie n’est pas une recherche de pouvoir ou de puissance. Elle  est le feu critique s’exerçant sur toute connaissance, toute croyance, toute pensée, tout pouvoir pour tenter de la fonder en partant de  la seule raison. Elle s’offre comme une réflexion sur les acquis humains pour les mettre en demeure de se justifier devant le tribunal du logos ; et, partant, permettre à l’homme d’en jouir pleinement sans contradiction. Réécoutons à cet effet Fougeyrollas : « Dans son jaillissement originel, la philosophie n’est pas la recherche d’un pouvoir, elle est, au contraire, réflexion sur tout savoir et sur toute puissance. » En tant que « maitre » de la nature, l’homme a, à sa disposition, la capacité de doubler le naturel par l’artéfact. En d’autres termes, les sciences ont permis à l’homme de se hisser au rang de « créateur ». La va même jusqu’à défier la nature ou Dieu. Ainsi, il croit pouvoir comparer son œuvre avec celle divine. Orgueilleux de sa faiblesse ontologique, il croit pouvoir combler le manque qui frappe la nature. Un tel climat figure une lourde inquiétude dont l’écho est repris par ces notes de Jean Rostand : « La science a fait de nous des dieux avant que nous ne mériterions d’être des hommes. » Dès lors, l’homme devient un réel danger, non seulement pour les autres, mais aussi pour lui-même. L’œuvre humaine présente toujours un défaut d’être. Sous ce rapport, la philosophie demande la restauration de la conscience morale. Ainsi, exigence est faite de concilier activité scientifique vertu. Ces considérations reprennent le rôle que la philosophie doit jouer face à puissante montée des techno-sciences. La philosophie sert de police à l’esprit scientifique.  Elle doit contrôler les résultats et les projets des sciences et des techniques.
Au-delà des sciences et des techniques, la philosophie est une pensée vivante qui se nourrit des circonstances qui font l’existence des hommes. Hegel soutient : « La philosophie est fille de son temps. » Chaque époque a sa propre pensée. Ce qu’il faut souligner, c’est que la pensée philosophique est liée, dans son essence même comme dans son activité et ses finalités, à l’existence humaine. Partout où il y a vie humaine, la philosophie est présente. Elle accompagne l’homme dans sa quête du sens de son existence. Du coup, le discours philosophique peut être entendu sous la tentative de lire, de comprendre et d’expliquer les problèmes et évènements qui jaillissent dans la vie de tous les jours.
Avec la mondialisation, l’ère informatique, des technologies de la communication, des techno-sciences, la philosophie devient une invitation à la mesure, à la tempérance, à la retenue, au sens de l’humain. De nouveaux concepts, de nouvelles idées, une nouvelle conduite. La philosophie instruit l’humanité et lui apprend sa condition et ses exigences sans cesse de tendre vers le bien, ultime voie de la béatitude.



lundi 2 avril 2012


       NOTES DE METHODOLOGIE SUR LE SUJET-TEXTE


Le candidat est invité à expliciter et à discuter les idées développées dans un texte bien précis.
·         L’explication doit présenter, développer et justifier les idées du texte suivant un ordre logique
·         La discussion doit conduire le candidat à l’examen philosophique de la thèse de l’auteur, à son évaluation critique

I-/ COMMENT PROCEDER ?
1-      Lire et relire le texte autant de fois que cela est nécessaire en accordant une attention soutenue aux connecteurs logiques (mots de liaisons) et aux concepts essentiels  (noms, verbes, adjectifs, etc.)
2-      En lisant le texte, il faut dégager le contenu précis de chaque phrase et déterminer l’ordre logique organisant l’argumentation de l’auteur. A ce niveau, il faut poser deux questions :
                                   A-/ Que dit l’auteur ?
                                    B-/ Que fait l’auteur ?
La question « Que dit l’auteur ? » invite le candidat à chercher l’information précise contenue dans chaque phrase : il s’agit de voir et de présenter  ce que l’auteur dit et comment il le di.
N. B. : Il faut absolument éviter la paraphrase.
La seconde interrogation « Que fait l’auteur ? » invite à déterminer la manière dont procède l’auteur : il s’agit  de dégager la structure argumentative du texte. Il faut montrer comment l’auteur a structuré sa pensée.
Par exemple, le candidat peut chercher à voir : quelle est la thèse de l’auteur ? Quelles  sont les autres thèses qu’il examine et comment il élabore son analyse, son argumentation ? Quels sont ses arguments ?

II-/ INTRODUCTION
L’introduction est présidée par la saisie exacte du contenu même du texte. Ce n’est point un résumé ou un compte rendu du texte ni même un exposé de la vie et/ou de la pensée de l’auteur. Elle doit être simple et concise. Selon la C. N. P. (Commission Nationale de Philosophie), la fonction minimale de l’introduction est :
1-      Dire de quoi parle le texte : il convient  de retrouver le problème  philosophique du texte (le thème, la question à la quelle il cherche à répondre)
2-      Préciser comment l’auteur s’y prend : il s’agit de voir  la structure ; ie le plan du texte. L’introduction doit poser en une formule concise et précise la thèse de l’auteur. En partant de cette thèse, le candidat doit  formuler une question qui se veut objection annonçant  le second moment du commentaire, ie du développement.

III-/ DEVELOPPEMENT
Dans l’exercice du commentaire, le développement comporte,  fondamentalement, deux parties :
1-      Partie explicative : il s’agit de se mettre à la place de l’auteur.
Il faut dégager un ordre logique d’explication. Il faut faire preuve de cohérence, d’intelligence et d’intelligibilité. Ce n’est pas une explication « mot à mot »  ou « ligne à ligne ». Le candidat doit trouver  les idées ainsi que leur contenu et leur lien logique pour expliciter dans la même structure logique  les idées contenues dans le texte.

2-      Partie critique ou évaluation philosophique : c’est un legs aristotélicien : il faut exposer pour ensuite critiquer
Après avoir explicité le texte comme l’aurait fait l’auteur, le candidat doit porter un regard critique sur le texte et principalement sur la thèse de l’auteur. Ainsi, il peut mettre l’accent sur le mérite de l’auteur, sur la portée philosophique de son propos. L’évaluation critique peut amener le candidat à montrer  les limites du texte, les insuffisances de la démonstration ; ie de l’argumentation voire les contradictions du texte. Sous cet angle, le candidat  peut adopter une position (thèse) contraire à celle de l’auteur et  décliner une solution différente de celle de l’auteur. Toutefois, il doit justifier, argumenter, illustrer son point de vue.
A cet effet, il pourra convoquer d’autres penseurs dont les thèses  sur la question sont nettement distinctes de celles que propose le texte. Il n’est point question détaler des connaissances générales et disparates, ni d’accoler  deux développement sans lien aucun.  La partie critique est très appréciée à l’examen. Dès lors, il faut apprendre à critiquer, ie à discuter des pensées d’auteurs.

N. B. : Il est préférable de s’abstenir de critiquer si l’on ne trouve pas d’arguments  pertinents et ajustés au propos de l’auteur. Il ne s’agit pas de critiquer parce qu’on doit critiquer ; il est plutôt question de critiquer, parce que justement, on sait critiquer et qu’il y a matière à critiquer.
Voilà ce qui autorise à voir que le  développement est une structure logique rendant compte d’une pensée vivante.


IV-/ CONCLUSION
·         Dégager le principal intérêt  philosophique du texte examiné.
·         Enoncer de façon claire et précise la position adoptée face à la pensée de l’auteur.

N.B. : Le candidat peut suivre une logique différente de l’ordre du texte. Cependant, il doit absolument veiller à la cohérence,  l’intelligibilité de son analyse et des idées de l’auteur. L’explication passe par l’élucidation des notions  et par l’explicitation des passages tenus pour difficiles.
Il faut éviter :
-          la paraphrase : répéter approximativement et maladroitement ce qui est bien élaboré par l’auteur.
-          Les digressions : les considérations sans rapport avec le problème abordé par l’auteur. Ne dire de l’auteur et de sa pensée que cela seul qui intéresse  le texte à étudier.