DE LA DÉGRADATION DES MŒURS EN MILIEU SCOLAIRE
Il
s’agit de voir le sens du thème, de préciser
le problème que pose le thème, d’indiquer les intérêts que soulève le
thème, de dire les enjeux du problème.
Ainsi,
nous nous posons la question : qu’est-ce que nous entendons par
« Dégradation des mœurs en milieu scolaire » ? Jouons avec les
mots pour y voir plus clair.
-
D’abord,
qu’est-ce que la dégradation ?
En
physique, nous avons le principe de la dégradation de l’énergie. Ce principe
est tiré du théorème de Cournot établi en 1824 et généralisé en 1850 par
Clausius. C’est ce qu’on appelle le
second principe de la thermodynamique. Que dit ce principe ?
Une
machine thermique ne peut fonction sans déplacement d’une source chaude à une source froide ; la chaleur
ne peut donc être transformée en travail sans chute de température, ce
qui a pour conséquence qu’une partie de la chaleur dissipée par un travail
mécanique ou un échange d’énergie ne peut être récupérée sous forme de travail.
Ainsi, dans un système thermique isolé, et là surgit notre notion, se produit
une dégradation irréversible de l’énergie, tout en restant, à travers ses
transformations, constante en quantité (conservation de l’énergie), tend à déchoir
de ses formes supérieures à des formes non utilisables, du moins en totalité
(ie chaleur).
Dés
lors, par dégradation, nous pouvons
entendre détérioration graduelle. La dégradation est un processus
naturel ou provoqué tendant vers l’état d’avilissement ou de déchéance. C’est
le fait de s’abaisser moralement, de dégrader. Dégrader, c’est perdre en
dignité, en valeur, en grandeur. C’est une perte ontologique. Voilà ce qui nous rappelle la dégénérescence.
Dégénérer,
pour une réalité ou pour un être, c’est se dépraver, perdre sa qualité. C’est
une altération amenant une réalité à une forme inférieure. C’est retourner à un état antérieur dont le
dépassement résulte de l’évolution. Ainsi, dégradation,
dégénérescence figurent la dégringolade, la décadence, toute chose qui rappelle
une chute comme en physique sauf qu’ici, il s’agit d’une chute ontologique,
d’une chute métaphysique : c’est l’être qui est victime d’un préjudice,
d’une dévalorisation, d’une dévaluation ontologique. Apparait en filigrane
l’idée d’une mort.
Ainsi,
la dégradation figure un processus tuant à petit feu une réalité. Qu’est-ce qui est promis à
une mort ici ? Qu’est-ce qui dégénère ? Qu’est-ce qui se
dégrade ? Il s’agit, voyez-vous, des mœurs. A ce niveau arrêtons-nous un peu sur la
notion de mœurs. Qu’est-ce que nous
pouvons entendre par mœurs ?
Le
mot part du latin mores qui veut dire « genre de vie », usages,
coutumes. En sociologie, elles désignent : « un ensemble
observable des usages pratiques et coutumes communs dans un type social
donné ». Avec Montesquieu, nous comprenons que les mœurs se distinguent
des lois civiles. En effet, l’auteur de De l’esprit des lois écrit :
« Il y a cette différence entre les lois et les mœurs que les lois règlent
plus l’action des citoyens et les mœurs les actions des hommes. » Lévy
Bruhl dit que la science des mœurs qu’il nomme « sociologie morale »
devrait se substituer aux morales théoriques impossibles et inutiles. Du coup,
la lecture moralisante des mœurs consiste à les considérer comme des
lunettes-valeurs appartenant à un type social bien précis de juger du point de
vue moral (approbation – désapprobation) les conduites selon des normes admises
de façon plus ou moins explicite. Dans cette lecture moralisante, les mœurs renvoient au comportement qui pose la
problématique de la moralité sexuelle.
L’activité sinon la vie sexuelle des individus qui évoluent ensemble, ie
qui appartiennent à la même sphère sociale, reste soumise
- cette vie sexuelle- à un jugement moral dont le critérium est sans
conteste les représentations
socio-culturelles.
Ces
représentations socio-culturelles participent du processus de socialisation,
d’acculturation des différents individus. Excusez-moi de cette fâcheuse
répétition : de toute façon les individus sont toujours différents. Le
principe leibnizien des indiscernables nous enseigne qu’il n’existe pas deux
être identiques dans la nature.
Reprenons
notre propos sur la moralité qui n’est
rien d’autre que la conformité de l’action individuelle aux valeurs ou représentations
prévalant dans le groupe social. Tout le monde comprend que c’est la société
qui prend en charge l’insertion de l’individu dans le moule social. Pour ce
faire, elle l’inscrit sur une trajectoire socialisante. C’est dans ce contexte
bien précis que l’école est reçue comme instrument de la société dans la
réalisation de son objectif consistant à
amener les individus à faire épouser les valeurs, les aspirations, les
références, les représentations socio-culturelles.
Voilà
ce qui nous amène à considérer la troisième notion du thème : le milieu
scolaire. Il s’agit, voyez-vous, de
l’école.
Du
grec scholè et du latin schola, école veut dire loisir. Elle figure l’occupation d’un
homme de loisir. Dans l’antiquité gréco-latine, l’école représente un groupe de
philosophes professant une thèse commune sous la direction d’un Magister. Nous avons comme
exemple : l’école et l’Académie de Platon, l’école et le Lycée
d’Aristote. L’Ecole qui s’écrit avec un
« E » majuscule désigne la philosophie du Moyen –Age enseignée dans
les écoles et les universités.
L’approche
pédagogique moderne nous parle du concept de « nouvelle école »
véhiculant une éducation centrée, par une sorte de révolution copernicienne,
sur l’enfant, sur ses intérêts et ses aptitudes à la création. Cette approche
s’oppose à l’école traditionnelle qui considère le maître comme le modèle que
l’enfant doit chercher à égaler. Ainsi, si vous me suivez bien, vous notez avec
moi que l’école est une institution qui renvoie à trois réalités : la
société, l’enseignant et l’apprenant.
Dés
lors, si nous parlons de la dégradation des mœurs en milieu scolaire, nous
posons que la société, l’enseignant et l’apprenant sont les acteurs –
voyez-vous - de cette dégradation de la moralité dans cette institution qui se
nomme école. Mais qu’est-ce que l’on
gagne à parler de la dégradation des mœurs, de la perte des valeurs en milieu
scolaire ? Nous cherchons à inviter les uns et les autres à une à
autocritique, à une introspection, à un examen de soi par soi. La dégradation des mœurs est un
phénomène qui interpelle tout le monde. Par conséquent, en parler, c’est
chercher à jouer sa partition en tant que nous sommes êtres sociaux, qui avons
réussi le processus de socialisation et qui devons effectivement et
rigoureusement participer au vernissage de ces jeunes à qui on dédie l’avenir
de nos cités.
Chacun
de nous doit absolument répondre de ses actes.
Dans ce contexte où nous parlons de dégradation des mœurs, nous allons
penser avec vous (permettez moi de rire puis que toute pensée est subjective) la part de
responsabilité de la société, la part de responsabilité de l’enseignant et
ainsi en déduire celle de l’enfant.
La
charpente de la lecture est ainsi établie :
1- De l’étiologie de la dégradation des
mœurs ?
2- Quelles sont les conséquences de
ce phénomène ?
3- Peut-on penser des solutions pour
une réévaluation, une régénération du tissu éthico-scolaire?
C’est
sur ces questions que je vais bâtir ma communication.
II-/ DE
L’ETIOLOGIE DE LA DEGRADATION DES MŒURS EN MILIEU SCOLAIRE
Il
s’agit d’exhumer ici les raisons
expliquant ce phénomène qui nous réunit aujourd’hui.
Considérant
l’acuité de la crise de l’adolescence féminine aux Etats-Unis et les profondes perturbations
qu’elle provoque, Margaret Mead aborde la société samoa (pays de
Polynésie, appartenant à l’archipel des Samoa, dans l’océan Pacifique) avec la
question : En est-il de même partout ? Ses investigations lui
permettent de répondre par la négative. La puberté chez les jeunes samoans est
un phénomène purement biologique et ne provoque aucun problème d’ordre
psychologique. Elle ne provoque non plus aucun signe ni aucun risque de
désadaptation sociale. Conçue comme un monde harmonieux, la société samoa
permet aux enfants et aux adolescents de s’adapter progressivement au milieu
social par une éducation souple et ouverte. Un climat de liberté sexuelle
prépare la jeune fille à la vie adulte du mariage.
Dans ses travaux en Nouvelle Guinée,
Margaret Mead a entrepris de préciser la part du biologique et celle du
conditionnement social dans les rôles respectifs tenus par l’homme. Elle
constate que chez les Apresch que les comportements masculin et féminin se
confondent et sont plutôt du genre « doux ». Il n’existe pas de
compétition entre les deux sexes, qui se partagent, sans distinction, les
principales tâches sociales. Ce tempérament est cultivé chez les enfants par
une éducation pleine de tendresse et d’affection. En revanche, les Mundugor ont
un caractère violent. Les enfants sont élevés durement et souvent maltraités
afin qu’ils apprennent à se défendre. Toutefois il n’existe aucune
différenciation considérable entre la psychologie de l’homme et celle de la
femme.
Chez les Chabuli, il existe bien une
différence entre les rôles masculin et féminin. Mais, cette différence se
distingue de celle que l’on retrouve dans la civilisation occidentale entre la
femme et l’homme.
Le tempérament des hommes Chambuli
est doux et artistique, tandis que les femmes ont la responsabilité de la vie
sociale, l’initiative dans le domaine sexuel et constituent un groupe homogène
face aux hommes.
Que nous vaut ce détour ? Il s’agit de comprendre ici que rien donc de
ce qui nous semble naturel dans les traits de caractères des deux sexes ne
l’est en fait, mais est la résultante du conditionnement social. Il n’y a pas
de différence de nature mais seulement de culture. Dénonçant l’ethnocentrisme,
Mead tire de ses enquêtes la leçon du relativisme ethnologique. En mettant en
évidence la prépondérance du culturel, elle montre par là même la possibilité
de le changer et donc de l’améliorer. Dés lors, vous pouvez comprendre avec moi
que la dégradation des mœurs est un phénomène lié fondamentalement à la
question socio-culturelle. Donc, les individus qui fréquentent l’école sont des
produits de la société. C’est ainsi que Guy Rocher écrit dans le tome 1 d’Introduction à la sociologie générale :
« La culture et la société se trouvent dans chaque personne et chaque
personne est intégrée à l’organisation sociale. »
Qu’est-ce que tout ceci veut dire.
Nous voulons justement vous faire noter que la dégradation des mœurs en milieu
scolaire est l’une des conséquences de
la crise des valeurs en société.
En effet, les principes moraux,
religieux, éthiques sont bafoués. Les références se déchirent. La société est
frappée par la corruption, la concussion, la prostitution, la drogue et tout ce
qui tombe sous leur compréhension. Elle n’a plus de repère. Le tissu social est
déchiré par une autorité politique froide et menteuse, par des chefs religieux
dont le faire retrouve le parfum de la prostitution politico-économique. Des
chefs de familles qui mentent devant ceux qu’ils doivent éduquer, qui vendent
de la drogue, qui se font avoir et mal traités devant leur famille confisquent
à leurs enfants toute possibilité d’avoir un « soin » - pour parler
comme Kant qui sied à la condition humaine. Une mère jouit dans les insultes,
un père qui s’impose par arrogance sont des anti-modèles pour la société et pour
leur progéniture. A cause de la pauvreté, les référentiels - soutouro, ngor, kersa, fayda, fouleu, jom,
mandu sont pratiquement jetés dans les poubelles de l’histoire.
Regardons nos chefs religieux, coutumiers, regardons
ceux qui se disent gardiens des traditions, regardons les hommes politiques,
regardons les acteurs sociaux, regardons chez enseignants, regardons ce qui se
passe dans les services, dans l’administration, dans les foyers, regardons ce
qui se passe dans les hôpitaux, dans les
casernes, regardons ce qui se passe dans le milieu artistique, partout où vous
regardez, ca pue ! Et ce parfum nous remplit les poumons et la tête à
chaque fois que nous entrons à l’école. Puis que l’école est une institution
sociale tout ce qui s’y trouve n’est que le prolongement des dérèglements fous
qui sont notés dans la société. En d’autres termes, la chute vertigineuse des
valeurs, de la moralité en milieu scolaire n’est rien d’autre que l’expression
pure de l’échec de la société à honorer sa mission civilisatrice, de
purification, d’acculturation, d’éducation, d’instruction. Emmanuel Kant
soutient : « Chaque génération
éduque l’autre génération. ». Voilà messiers et mesdames toute la
question : Qu’est-ce qu’éduquer ?
Ecoutons ainsi la phrase inaugurale du Traité pédagogique de
Kant : « L’homme est la seule
créature qui soit susceptible d’éducation. Par éducation l’on entend les soins
(le traitement, l’entretien) que réclame son enfance, la discipline qui le fait
homme, enfin l’instruction avec la culture. Sous ce triple rapport, il est
enfant, — élève — et écolier. »
Le
plus dramatique est que l’école aujourd’hui est remplie non d’enseignants mais
de pseudo-enseignant qui ne comprennent rien en la matière et croyant
qu’éduquer et instruire c’est venir devant des néophytes et cracher certains
mots savants. Kant dit pour éduquer, il faut être bien éduqué. Paraphrasant
Jouvet pour qui « Il ne faut point accorder la science à ceux qui n’ont
point de vertu. », nous disons que l’éducation ne doit point être confiée
à ceux qui n’ont point de vertu.
Qu’est-ce
que cela veut dire ? Braquons notre caméra sur l’école. Laxisme,
arrogance, insolence, indiscipline, impolitesse, ignorance, irresponsabilité,
inconstance, constipation : voilà autant de mots qui font les maux de
l’école. Regardez ce professeur qui, en 2007, avait engourdi, je blague,
engrossé 7 filles. Regardez cet enseignant qui, s’habillant comme
« fou-malade », cherche à professer. Regardez cet enseignant qui en
vient aux mains avec un élève parce que voulant avoir de l’autorité sur lui devant une jeune femme après qui il
court. Réécoutez cet enseignant qui se
cache derrière les langues locales et négligent la langue de Molière. Les
espaces ruraux offrent le plus bel exemple.
J’accuse
ainsi l’enseignant qui, par ignorance ou par imbécilité, n’honore pas le
contrat qui le lie à la société, à l’Etat, à la condition humaine. Il faut plus
de responsabilité, de déontologie, de respect, de sérieux, d’abnégation.
Croyez-vous que seuls les apprenants sont responsables de la dégradation des
mœurs ? Pensez-vous que l’enseignant est sacro-saint ? Comment un
professeur limité et qui s’offre tel à ses élèves ose exiger un quantum de
respect ?
Ces
considérations amènent à voir que dans le milieu scolaire les enseignants et
l’administration entretiennent fâcheusement toutes les bassesses, les
bêtises : c’est un état candide affichant toute la désolation confisquant
même toute possibilité de rendre à la condition humaine sa dignité. Pour tout
adulte, éduquer est un devoir au sens kantien du terme. Pourquoi ?
Réécoutons la définition qu’Alain donne
à l’enfant : « J'appelle
enfant l'être humain en pleine croissance, avant la formation, avant les
passions (altruisme) qui s'y rattachent, avant qu'il ait le souci de gagner sa
vie, ou ce qui est la même chose, avant qu'il puisse s'instruire par directe
expérience, donc nourri, gouverné, et protégé par la famille. Nous voyons
depuis plus de 10 ans que des enseignants font non le cours mais la cour. Des
professeurs font chanter des apprenantes parce que ces dernières refusent de
les retrouver dans leurs immondices. Le docteur Momar Ndoye, psychothérapeute à
l’hôpital Fann dit que cette situation s’explique par un manque de
professionnalisme.
Mais,
l’école n’est pas faite d’enseignants. Enseignant n’est enseignant qu’à côté
des apprenants ; d’où la question : en quoi consiste la
responsabilité des élèves dans la dégradation des valeurs ?
Certes, ils sont des victimes
d’un système corrompu, fou fonctionnant laborieusement. Mais, ils étalent toute
une constipation qui les indispose à épouser cette note de Kant « Ainsi, par exemple, on
envoie d’abord les enfants à l’école, non pour qu’ils y apprennent quelque chose,
mais pour qu’ils s’y accoutument à rester tranquillement assis et à observer
ponctuellement ce qu’on leur ordonne, afin que dans la salle ils sachent tirer
à l’instant bon parti de toutes les idées qui leur viendront. »
Ils
considèrent que les enseignants comme une menace pour eux. Ils manquent de
respect, de considération, de décence, de retenue. La plus part d’entre eux ne
croient plus aux études et ont perdu toute culture des livres. C’est cette
catégorie qui sape l’autorité scolaire. Ils n’ont rien compris et croient avoir
tout compris. Ils veulent savoir et ne veulent pas rester disciples. Ils
affichent arrogance, indiscipline, insolence et une candeur qui donne la nausée.
Ils font des insultes une monnaie d’échange.
Qu’est-ce qui se passe dans leur tête ?
Ces
enfants sont des victimes. En effet, ils sont agressés par la télévision, le
cinéma, la paralittérature, l’internet. Ce qu’ils subissent dans leurs
familles, ce qu’ils reçoivent dans la société participent de ce qui forge leur
être. Ils s’inscrivent dans l’idéologie globalisante qui réduit la condition
humaine au modèle américain. Voilà ce qui explique le déracinement.
Croyant
que le paradigme négro-africain est caduc, ils aspirent à d’autres types
référentiels de coloration occidentale. La notion de déracinement en arrive à
poser de nouvelles catégories. Les apprenants, parce que connectés au reste du monde via internet, créent de nouveaux repères, de nouveaux cadres,
de nouvelles représentations. Celles-ci s’entendent comme des anti-valeurs.
C’est l’adulte qui figure le « vieillard bachelardien » qui les
considère comme telles. Ce sont des non-valeurs qui se veulent des valeurs.
Elles dépassent les traditionnelles valeurs par de nouvelles qui les inscrivent
et les maintiennent en connexion avec le reste du monde. Les acteurs de
l’éducation, les parents, la société restent responsables de la perte des
valeurs en milieu social et, partant, scolaire. D’aucuns considèrent que les milieux
urbains souffrent plus de la dégénérescence des mœurs, des valeurs. Cette
vision n’est pas aussi pertinente que cela. En effet, la famille peut
appartenir au rural tout comme à l’urbain. La différence apparait sous cette
note de Rocher : « La famille de milieu rural offre en général à
l’enfant moins de possibilité de développement mental que la famille de milieu
urbain. » Tout cela participe de ce qui va forger l’être de l’enfant.
C’est d’ailleurs pour cette raison Kant soutient que l’éducation doit commencer
de bonne heure.
Ainsi, l’étiologie de la dégradation des
mœurs se réduit en un triangle : Société – Enseignant- Apprenant. En
d’autres termes, c’est le système social qui est en dérèglement et qui a
causé et qui cause encore, si vous
voulez, cette décadence, cette perte des valeurs.
II-/ QUELLES SONT LES
CONSEQUENCES ?
Rappelons
juste un détail que tout le monde sait ou doit savoir : l’école est le
prolongement de la socialisation. Elle
est instituée pour installer des fondamentaux : inculquer les valeurs, les
références, les aspirations, les normes, les interdits, les idéaux.
Dés
lors, la dégradation des mœurs constitue un frein à ce projet de socialisation.
Du coup, les conséquences peuvent s’établir ainsi :
-
Etat conflictuel :
entre enseignant et apprenant, apprenant et administration scolaire
-
Crise scolaire
-
Conflit psychologique
-
Confusion des rôles
-
Transformation /
changement / modification sociaux
-
Crise identitaire
-
Recherche d’autorité et
de repère
-
Déracinement
-
Crise de personnalité
-
Perte de soi
-
Echec scolaire
-
Déviance
-
Marginalité
-
Transgression
Au
regard de ces conséquences désastreuses, il faut essayer d’élaborer des
solutions pour une remontée, ie une régénération.
III/ PEUT-ON PENSER DE SOLUTIONS?
Il faut repréciser les 6 fonctions canoniques de l’école :
·
La fonction d’éducation et de formation
·
La fonction de socialisation
·
La fonction d’inculcation idéologique
·
La fonction de reproduction
·
La fonction de sélection
·
Fonction de promotion collective et de développement
Ce
sont ces fonctions qui vont permettre à
la société de bien instrumentaliser l’école et prolonger en elle son travail
d’éducation et d’acculturation, de socialisation.
-
Il
faut accorder du crédit à la note du docteur Ndoye et faire preuve de professionnalisme, de
sérieux, de déontologie.
-
Il
faut mettre les enseignants au parfum des nouvelles théories pédagogiques.
-
Il
faut que la société et l’Etat contrôlent l’action de ses acteurs.
-
Il
faut que l’impunité cesse à tous les niveaux de la société et de l’Etat.
-
Les
enseignants ont des défis énormes à relever : il faut d’abord qu’ils
soient convaincus de ce qu’ils font.
-
Qu’ils
cessent d’entrer dans le métier par effraction.
-
Qu’ils
comprennent que lorsqu'ils ratent leur mission, c’est toute l’humanité qui en
souffre.
-
Que
les enseignants prennent conscience que nous sommes dans le paradigme
mondialisant et qu’ici seules les compétences sont à faire valoir. Et l’école
assure – c’est sa mission même – ces compétences aux jeunes citoyens.
-
Il
faut faire de la réussite scolaire un crédo
-
Que
l’on cesse d’avoir cette fâcheuse idée de se dire : " on est en milieu rural".
-
Nous
devons être des citoyens du Monde et vivre en tant qu’agent kantien.
Ainsi, j’invite mes collèges et tous les acteurs
sociaux à relire cette remarque du moraliste allemand : «De
tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors
du monde, il
n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est
seulement une
BONNE VOLONTÉ. »
Ma réflexion est
juste une lecture-invitation consistant à dire que notre société souffre de
références et de repères, de principes et de valeurs. Notre école cherche à
former, à forger un citoyen qui est imbu des toutes les valeurs de l’homo
sénégalensis (jom, téranga, kersa, fouleu, liguey, ngor, etc), de toutes les
aspirations sénégalaises mais qui s’ouvre (ce type de sénégalais) au monde et se réalise en tant
qu’humain à part entière. Les valeurs nous décrochent de notre condition naturelle et nous
élèvent à la dimension du Bien qui est la plus profonde des valeurs. Faire le
bien, c’est déjà cheminer vers Dieu en qui nous retrouvons la promesse du
bonheur. La moralité dans la philosophie portique réside en l’action adéquate
qui assure la quiétude s’ouvrant sur la béatitude.
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