jeudi 5 avril 2012


DU culturel
A Macky Sall et Abdoul Mbaye qui ne savent pas « ce que culture veut dire »

Parler de la culture, c’est rendre compte de l’œuvre et de l’ingéniosité humaines. L’idée de culture verse vers une certaine notion de travail : cultiver, c’est travailler. La culture renvoie à l’œuvre humaine en tant que celle-ci se veut  dépassement et négation de la naturalité de l’homme.  La culture est un processus d’acquisition de nouvelles dispositions et aptitudes consolidant les conditions d’existence de l’homme. Cultiver la terre ou cultiver l’esprit, le concept reste le même : enrichir l’élément sur lequel porte cette opération. Cultiver, c’est mettre en valeur.
Ainsi, par le travail, l’homme aspire à transformer sa nature propre et celle qui l’environne.  Le travail, aux yeux de Hegel, est négation et dépassement : la nudité naturelle est niée ou dépassée par le vêtement, le cri ou gémissement naturels par la parole ou langage articulé. La problématique est de percevoir que l’homme, et l’homme seul, est capable de nier ou de dépasser la nature parce que disposé à se mettre face à elle : l’animal fait corps avec la nature ou se prolonge en elle.
La culture figure le travail prenant forme dans le projet d’humaniser  le  « zoon logikon » ainsi que la nature. Elle renvoie à cette activité transformatrice du « déjà là » et productrice d’infrastructures (ponts, routes, hôpitaux, établissements scolaires, terrains des sports, marchés  pour ne citer que ceux-là.  Dès lors, nous pouvons comprendre que l’existence humaine est ponctuée d’artifices : rien de ce que fait l’homme, rien de ce qui fait l’homme  n’est naturel. La réalité humaine est foncièrement culturelle. Dire l’homme, c’est déjà parler du culturel. Il est un animal, et, partant un être de la nature ; mais il est un animal particulier, car refusant sa condition naturelle ; d’où l’écho qui nous vient de Georges Bataille : « Je pose en principe un fait peu contestable : que l’homme est l’animal qui n’accepter pas le donné naturel, qui le nie. »
La culture est tout ce qui porte l’empreinte humaine. Elle figure la notion de travail ainsi que tout ce que celle-ci engage : production de biens, de matériels, d’objet, d’outils (langage, science, religion, etc.) La culture est aussi le mode d’être d’un peuple, d’une société : ses aspirations, ses valeurs, ses croyances, ses idéaux, son passé. C’est la façon bien précise qu’un peuple ou société voit et entreprend la vie.  Jacques Maquet remarque: « Une culture est ensemble complexe d’objets matériels, de comportements, d’idées, acquis dans une mesure variable par chacun des membres d’une société déterminée »
La saisie effective de l’homme, dans son existence, montre qu’il s’est à jamais décroché de sa nature originelle. Sous cet angle, la culture s’offre comme cet ensemble historiquement et géographiquement défini des institutions caractéristiques d’un type de société bien précis et qui figure « non seulement les productions artistiques, scientifiques, religieuses et philosophiques d’une société, mais encore ses techniques propres, ses coutumes politiques et les mille usages qui caractérisent la vie quotidienne ». (Margaret Mead)
La nature humaine est, dans le même temps, soumise à ce « travail du négatif » (Hegel) dont les couleurs sont fournies par la culture. Dans la dynamique de l’anthropologie anglo-saxonne, la culture témoigne de cette série de représentations de comportements ou conduite, de procédés acquis par les groupes humains en tant que société. Rappelons que la « société » est proprement humaine et qu’il faut la distinguer des « communautés animales » régies par  le seul déterminisme naturel.  Dans la vie de l’homme, l’acte biologique  est toujours accompagné d’une image socio-culturelle : manger est un acte biologique et la modalité du manger porte les empreintes d’une socio-culture bien déterminée. C’est la culture qui a appris à l’homme à habiller, tatouer, orner, maquiller son corps : toute chose rappelant le dépassement et la négation du naturel par le culturel. C’est ainsi que Marcel Mauss parle des « techniques du corps » dont il dit qu’elles sont l’apanage de  l’homme.
La culture s’applique  également à l’intellect. La raison est certes naturelle (comme la langue, organe rendant possible le parler). En revanche, le raisonnement est culturel : l’homme a appris à raisonner, à penser, à calculer. Rousseau dira à cet effet que  l’être raisonnant est « un animal dépravé ». La raison est en latence chez l’homme et a besoin de stimulant pour être opérationnelle. Les astuces, qui la réveillent,  relèvent de l’éducation. L’homme est naturellement préparé à parler, mais, c’est la société qui lui apprend une langue plutôt qu’une autre. C’est l’opérationnalité de la raison qui permet  de retrouver une possibilité  de rendre souples, malléables les plussions. Ce travail rappelle  l’invitation kantienne à éduquer de « bonne hure » les enfants afin de les préparer à devenir humains.  L’homme n’est pas  né humain. Il doit le devenir. Il s’agit d’une humanisation ; d’où l’écho qui nous vient de Kant : « La discipline transforme l'animalité en humanité. Par son instinct,  un animal est déjà tout ce qu'il peut être, une raison étrangère a déjà pris soin de tout pour lui. Mais l'homme doit user de sa propre raison. Il n'a point d'instinct et doit fixer lui-même le plan de sa conduite. » Par « discipline », Kant entend « éducation » qui, d’une manière ou d’une autre,intègre l’homme dans le dispositif socio-culturel. Il s’agi de l’acculturation qui s’entend comme le processus par lequel « l’homme »  accède au stade d’humain via la culture.
Du coup, nous soutenons : le culturel ne se réduit et ne saura se réduire au folklorique. Le théâtre, la musique, le cinéma, la danse né définissent pas le culturel. Certes, ils participent des formes d’expression de la culture. Mais, ils ne tiennent pas lieu de la culture. La culture, en vérité, est beaucoup plus sérieuse, beaucoup  plus  profonde, beaucoup plus belle  que ces pittoresques représentations. La culture est l’âme même des sociétés humaines. C’est ce qui les fait vivre. Dire la culture, c’es dire l’essence des groupes humain. La culture est ce sans quoi l’humanité bascule inéluctablement vers la nature qu’elle a déjà quittée.  L’histoire, les traditions, les religions, les valeurs, le permis, l’interdit, les règles ou normes sociales, les repères axiologiques, les us, les coutumes, les aspirations, bref l’existence même : voici le culturel. La culture, c’est la vie même. Rien de ce que l’homme fait, rien de ce qu’est l’homme ne sort du culturel.
La culture est le mode d’être d’un peuple. C’est la modalité par laquelle la société conçoit la vie et établit ses  références. Il y a plusieurs peuples, plusieurs sociétés. En d’autres termes, chacune des sociétés rencontrées offre une culture bien précise dont l’arrière-fond reste cet « ensemble articulé de représentations, de croyances, de valeurs qui constitue la grille de lecture à travers » (François Chenet) laquelle elle interprète et négocie sa propre existence. Aucune de ces cultures ou modes d’être des sociétés ne peut ni doit revendiquer le titre de supériorité : toutes les cultures se valent. Voilà pourquoi le relativisme en arrive à l’idée d’un pluralisme des paradigmes culturels.
Le mépris culturel, nourri le plus souvent par l’occident et dû à un complexe de supériorité, montre une certaine étroitesse, une certaine fermeture de l’esprit occidental sur lui-même. En effet, dans ses réflexions sur la « nature humaine », Edgar Morin considère qu’elle est riche dans les principes d’égalité et d’identité. En revanche, le contenu que l’on reconnait à l’idée d’une « nature humaine » souffre d’une rupture avec la réalité même ; d’où cette remarque de Morin : « La vacuité physique et biologique de son contenu était en fait remplie par les images socio-culturelles propres à l’occident moderne. Une telle vision réductrice ne pouvait concevoir la diversité et la différence »
Ainsi, avec le relativisme valorisant le différencialisme et le dialogue des cultures, dans leur diversité, variété et richesse, devient une réalité qui interpelle tout le monde. Autrement dit, le relativisme culturel montre qu’une culture n’en est une, véritablement, que lorsqu’elle s’identifie à elle par rapport aux modes d’être des autres sociétés. Une culture perd son essence si, par rejet, mépris ou exclusion, qui, sous forme idéologique, renvoient à l’ethnocentrisme européo-centrique, s’auto-proclame la culture de l’Humanité, la référence en terme de culture dans le monde. L’intelligibilité des cultures, leur portée humaine, les condamne à l’ouverture et à l’acceptation des autres en tant qu’ils sont différents. Chaque peuple, nous apprend le relativisme culturel, a sa propre manière d’être et de se représenter le monde (religions, langues, croyances, valeurs, aspirations, normes, etc.). C’est, sous cet angle, qu’apparait toute le richesse culturelle de l’Humanité. Mais, un tel constat poserait problème quant à l’unité même du genre humain. Comment comprendre, dans le pluralisme socio-culturel, les idées d’ « homme universel », de « citoyen du monde », de l’ « unité de l’homme » ? Au-delà du défférentialisme culturel, est-il possible de retrouver une essence humaine, une constante dans cette multiplicité de cultures disponibles ? Est-il légitime de chercher, au-delà des hommes, l’Homme ? Ces questions reprennent la fameuse question : Existe-il une nature humaine ?
Avec les résultats des enquêtes ethnologiques et anthropologiques, il est légitime de soutenir : l’homme est un être de culture. C’est sa nature qui le porte à nier le « déjà-là ». Il refuse sa naturalité et celle des choses. L’homme est ainsi négation de l’animalité. Il tend à une valeur sinon à une mise en valeur  du naturel par le biais d’une activité, négatrice, productrice et transformatrice appelée du nom de travail qui, somme toute, renvoie à la « culture ». Contrairement à l’animal, l’homme est un être qui cherche toujours à se dépasser pour une meilleure prise en charge de soi. A interroger toutes les cultures, dans leur diversité, leur variété et richesse, on retrouve l’idée de refus du simple naturel (Bataille). Elles font toutes la remarque selon laquelle la nature souffrirait d’un certain manque dont l’artéfact, l’autre nom pour dire le culturel, serait le palliatif.

Rien d’extraordinaire, seulement des généralités sur la notion de culture.
Un peu de sérieux quand on parle du culturel !



 Du philosopher ? 

 Du philosopher ? 
Bergson : « Il faut un supplément d’âme à l’utilité. »
Lao Tseu : « Connaitre les autres est connaissance ; se connaître soi-même est connaissance supérieurs. Dominer les autres est puissance ; se dominer soi-même est puissance supérieure.»

Le destin de la philosophie est à jamais lié à la marche du monde et à l’existence humaine. De Qu’est-ce que la philosophie ? à A quoi sert la philosophie ?,  les enjeux sont énormes, les finalités lourdes et les perspectives très riches. Que gagne l’homme en philosophant ? Qu’est-ce que la philosophie promet à l’homme ? Quelle est  la vie de l’homme sans la philosophie ? Descartes dit « C’est vivre, les yeux fermés sans jamais tâcher de les ouvrir que de vivre sans philosopher. » L’homme a élaboré le mythe, la religion, la magie, l’art, la science, la philosophie toujours pour améliorer ses conditions d’existence. Ces considérations posent l’ultime question de l’utilité, sinon de l’actualité, de la philosophie. Face à l’ascension fulgurante des techno-sciences, la philosophie a-t-elle encore un mot à dire ? Qu’est-ce que philosopher aujourd’hui ?
Depuis Platon, pour ne pas dire depuis Socrate, la fréquentation de la philosophie permet à l’homme de distinguer le vrai du faux, l’être du paraitre. Autrement dit, la philosophie libère l’homme de l’ignorance. Dans le Lâchés, Platon dit : « Ne désespérez pas, car chacun a les moyens de se sauver de l’ignorance coupable pourvu qu’il veuille regarder au-dedans de lui-même. » C’est là, une invite à fréquenter la philosophie qui promet en dernier lieu la science supérieure, ie la sagesse, à l’homme. L’homme doit, en tant qu’il vit, agir. Mais, l’action de l’homme dit être présidée par un savoir avéré,  par la raison. Il doit éviter de se tromper et doit faire le bien. Pour ce faire, il lui faut une connaissance de ce que les choses sont en elles-mêmes au-delà de leur apparence. Une telle connaissance est garantie par la philosophie. Ainsi, l’une des fonctions de la philosophie est de libérer l’homme de l’ignorance.
La vie a-t-elle un sens ? Mérite-t-elle la peine d’être vécue ? Quelle est sa valeur ? Pourquoi la vie ? Pourquoi la mort ? Pourquoi le mal ? Qu’est-ce que le bien ? Qui est Dieu ? Existe-t-il ? N’est-il pas illusion ? Pourquoi la souffrance ? Qu’est-ce que la liberté ? Quelle est la destinée de l’homme ? Ces interrogations posent, en filigrane, la problématique du sens de l’existence. Face à l’absurdité, à l’angoisse, à la dureté de la vie, à la perte des valeurs, à la recherche de soi, la philosophie offre un discours apaisant l’âme humaine troublée par les vicissitudes de la vie. Là où Gangrin crie : « Qui m’a joué le tour de me jeter dans ce monde sans me demander mon consentement ? Je n’ai pas été candidat et me voici ! »,  André Comte Sponville invite à la sérénité : « La philosophie calme la conscience malheureuse ». Elle cherche à donner sens à l’existence humaine, à amener l’homme à comprendre sa condition pour une meilleure prise en charge soi. . Elle explique tout  ce qui advient dans la vie. Pour les stoïciens, tout ce qui arrive,  arrive justement, ie nécessairement. Autrement dit, l’homme doit comprendre et accepter qu’il ne maîtrise pas tout dans la vie. Il fau, dès lors, poser Dieu comme ultime cause, ultime raison devant expliquer et sous-tendre tout ce qui existe. C’est dans sa science supérieure qu’il organise l’existence et lui donne une certaine logique de marche. L’homme, pour sa quiétude, doit s’accommoder à la loi divine de la nécessité. Voilà pourquoi la philosophie assure une pensée sur l’existence de l’homme. Elle est une pensée qui doit fonder en bien l’action humaine. Elle sert de guide, de béquilles, de support, de lumière à l’humanité. En tant qu’elle cherche la vérité et le pourquoi des  choses,  elle est cette pensée qui explique l’existence et lui donne un certain sens assurant ou promettant à l’homme la quiétude, porteuse de la promesse de la béatitude.  Le discours philosophique cherche la paix. Il s’agit de la paix physique  -paix du corps – et de la paix spirituelle – paix de l’esprit-. Elle travaille à garantir à l’homme l’apathie et l’ataraxie. C’est ainsi que la philosophie promet à l’homme la sagesse dont il besoin pour une existence calme, sereine. Descartes considère à cet effet : « Ce mot de philosophie signifie l’étude de la sagesse ;  et (…) par sagesse, on n’entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais aussi une parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l’invention de tous les arts. »
 Nul n’ignore l’importance des sciences et des techniques dans la vie de l’homme. Mais, elles ne doivent pas être laissées à elles-mêmes. Au-delà de l’avoir, il y a chez l’homme l’être. C’est pour cette raison que l’élan embarquant les ambitions techno-scientifiques doit être défini sur la base des dimensions morales, éthiques, esthétiques de l’homme : il faut placer la dignité ontologique de l’homme au cœur de l’entreprise cognitive. La philosophie n’est pas une recherche de pouvoir ou de puissance. Elle  est le feu critique s’exerçant sur toute connaissance, toute croyance, toute pensée, tout pouvoir pour tenter de la fonder en partant de  la seule raison. Elle s’offre comme une réflexion sur les acquis humains pour les mettre en demeure de se justifier devant le tribunal du logos ; et, partant, permettre à l’homme d’en jouir pleinement sans contradiction. Réécoutons à cet effet Fougeyrollas : « Dans son jaillissement originel, la philosophie n’est pas la recherche d’un pouvoir, elle est, au contraire, réflexion sur tout savoir et sur toute puissance. » En tant que « maitre » de la nature, l’homme a, à sa disposition, la capacité de doubler le naturel par l’artéfact. En d’autres termes, les sciences ont permis à l’homme de se hisser au rang de « créateur ». La va même jusqu’à défier la nature ou Dieu. Ainsi, il croit pouvoir comparer son œuvre avec celle divine. Orgueilleux de sa faiblesse ontologique, il croit pouvoir combler le manque qui frappe la nature. Un tel climat figure une lourde inquiétude dont l’écho est repris par ces notes de Jean Rostand : « La science a fait de nous des dieux avant que nous ne mériterions d’être des hommes. » Dès lors, l’homme devient un réel danger, non seulement pour les autres, mais aussi pour lui-même. L’œuvre humaine présente toujours un défaut d’être. Sous ce rapport, la philosophie demande la restauration de la conscience morale. Ainsi, exigence est faite de concilier activité scientifique vertu. Ces considérations reprennent le rôle que la philosophie doit jouer face à puissante montée des techno-sciences. La philosophie sert de police à l’esprit scientifique.  Elle doit contrôler les résultats et les projets des sciences et des techniques.
Au-delà des sciences et des techniques, la philosophie est une pensée vivante qui se nourrit des circonstances qui font l’existence des hommes. Hegel soutient : « La philosophie est fille de son temps. » Chaque époque a sa propre pensée. Ce qu’il faut souligner, c’est que la pensée philosophique est liée, dans son essence même comme dans son activité et ses finalités, à l’existence humaine. Partout où il y a vie humaine, la philosophie est présente. Elle accompagne l’homme dans sa quête du sens de son existence. Du coup, le discours philosophique peut être entendu sous la tentative de lire, de comprendre et d’expliquer les problèmes et évènements qui jaillissent dans la vie de tous les jours.
Avec la mondialisation, l’ère informatique, des technologies de la communication, des techno-sciences, la philosophie devient une invitation à la mesure, à la tempérance, à la retenue, au sens de l’humain. De nouveaux concepts, de nouvelles idées, une nouvelle conduite. La philosophie instruit l’humanité et lui apprend sa condition et ses exigences sans cesse de tendre vers le bien, ultime voie de la béatitude.



lundi 2 avril 2012


       NOTES DE METHODOLOGIE SUR LE SUJET-TEXTE


Le candidat est invité à expliciter et à discuter les idées développées dans un texte bien précis.
·         L’explication doit présenter, développer et justifier les idées du texte suivant un ordre logique
·         La discussion doit conduire le candidat à l’examen philosophique de la thèse de l’auteur, à son évaluation critique

I-/ COMMENT PROCEDER ?
1-      Lire et relire le texte autant de fois que cela est nécessaire en accordant une attention soutenue aux connecteurs logiques (mots de liaisons) et aux concepts essentiels  (noms, verbes, adjectifs, etc.)
2-      En lisant le texte, il faut dégager le contenu précis de chaque phrase et déterminer l’ordre logique organisant l’argumentation de l’auteur. A ce niveau, il faut poser deux questions :
                                   A-/ Que dit l’auteur ?
                                    B-/ Que fait l’auteur ?
La question « Que dit l’auteur ? » invite le candidat à chercher l’information précise contenue dans chaque phrase : il s’agit de voir et de présenter  ce que l’auteur dit et comment il le di.
N. B. : Il faut absolument éviter la paraphrase.
La seconde interrogation « Que fait l’auteur ? » invite à déterminer la manière dont procède l’auteur : il s’agit  de dégager la structure argumentative du texte. Il faut montrer comment l’auteur a structuré sa pensée.
Par exemple, le candidat peut chercher à voir : quelle est la thèse de l’auteur ? Quelles  sont les autres thèses qu’il examine et comment il élabore son analyse, son argumentation ? Quels sont ses arguments ?

II-/ INTRODUCTION
L’introduction est présidée par la saisie exacte du contenu même du texte. Ce n’est point un résumé ou un compte rendu du texte ni même un exposé de la vie et/ou de la pensée de l’auteur. Elle doit être simple et concise. Selon la C. N. P. (Commission Nationale de Philosophie), la fonction minimale de l’introduction est :
1-      Dire de quoi parle le texte : il convient  de retrouver le problème  philosophique du texte (le thème, la question à la quelle il cherche à répondre)
2-      Préciser comment l’auteur s’y prend : il s’agit de voir  la structure ; ie le plan du texte. L’introduction doit poser en une formule concise et précise la thèse de l’auteur. En partant de cette thèse, le candidat doit  formuler une question qui se veut objection annonçant  le second moment du commentaire, ie du développement.

III-/ DEVELOPPEMENT
Dans l’exercice du commentaire, le développement comporte,  fondamentalement, deux parties :
1-      Partie explicative : il s’agit de se mettre à la place de l’auteur.
Il faut dégager un ordre logique d’explication. Il faut faire preuve de cohérence, d’intelligence et d’intelligibilité. Ce n’est pas une explication « mot à mot »  ou « ligne à ligne ». Le candidat doit trouver  les idées ainsi que leur contenu et leur lien logique pour expliciter dans la même structure logique  les idées contenues dans le texte.

2-      Partie critique ou évaluation philosophique : c’est un legs aristotélicien : il faut exposer pour ensuite critiquer
Après avoir explicité le texte comme l’aurait fait l’auteur, le candidat doit porter un regard critique sur le texte et principalement sur la thèse de l’auteur. Ainsi, il peut mettre l’accent sur le mérite de l’auteur, sur la portée philosophique de son propos. L’évaluation critique peut amener le candidat à montrer  les limites du texte, les insuffisances de la démonstration ; ie de l’argumentation voire les contradictions du texte. Sous cet angle, le candidat  peut adopter une position (thèse) contraire à celle de l’auteur et  décliner une solution différente de celle de l’auteur. Toutefois, il doit justifier, argumenter, illustrer son point de vue.
A cet effet, il pourra convoquer d’autres penseurs dont les thèses  sur la question sont nettement distinctes de celles que propose le texte. Il n’est point question détaler des connaissances générales et disparates, ni d’accoler  deux développement sans lien aucun.  La partie critique est très appréciée à l’examen. Dès lors, il faut apprendre à critiquer, ie à discuter des pensées d’auteurs.

N. B. : Il est préférable de s’abstenir de critiquer si l’on ne trouve pas d’arguments  pertinents et ajustés au propos de l’auteur. Il ne s’agit pas de critiquer parce qu’on doit critiquer ; il est plutôt question de critiquer, parce que justement, on sait critiquer et qu’il y a matière à critiquer.
Voilà ce qui autorise à voir que le  développement est une structure logique rendant compte d’une pensée vivante.


IV-/ CONCLUSION
·         Dégager le principal intérêt  philosophique du texte examiné.
·         Enoncer de façon claire et précise la position adoptée face à la pensée de l’auteur.

N.B. : Le candidat peut suivre une logique différente de l’ordre du texte. Cependant, il doit absolument veiller à la cohérence,  l’intelligibilité de son analyse et des idées de l’auteur. L’explication passe par l’élucidation des notions  et par l’explicitation des passages tenus pour difficiles.
Il faut éviter :
-          la paraphrase : répéter approximativement et maladroitement ce qui est bien élaboré par l’auteur.
-          Les digressions : les considérations sans rapport avec le problème abordé par l’auteur. Ne dire de l’auteur et de sa pensée que cela seul qui intéresse  le texte à étudier.


NOTES METHODOLOGIQUES SUR LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE

I-/  DEFINITION :
La dissertation est une réponse libre, personnelle, dynamique, informée et intelligemment élaborée sur une question bien précise. L’exercice nommé dissertation  en philosophie est un jugement libre ; libre jugement parce que donnant  à celui qui s’y applique la possibilité de décliner l’approche qui lui appartient en propre sur la question posée. Toutefois, ce n’est pas un lieu ou un moment où tout est permis. Il y a un certain nombre de principes ou de considérations à respecter.

II/ ANALYSE DU SUJET:
-          Analyse sémantique : il s’agit de définir tous les mots clés du sujet
-          Reformulation : il s’agit de dire autrement le sujet, avec ses propres
-          Dégager la problématique : la problématique comporte des enjeux, des oppositions, des contradictions,  des silences dont il faut rendre compte. Il s’agit de retrouver le  sens de l’interrogation, de chercher à répondre  aux questions : que dit le sujet ? Quel est le problème philosophique ?
-          Dégager le plan : le plan est l’énonciation des différents moments de l’analyse. C’est la prise en charge de la problématique.

III-/ INTRODUCTION :
-          Amener le sujet : il s’agit de dégager un climat, un contexte ou prétexte qui permet d’introduire le thème du sujet.
-          Poser le sujet : il s’agit de fixer les termes du sujet ainsi que son  contenu.
-          Dégager la problématique : il s’agit de  retrouver et de fixer le sens de la question posée (voir  dégager la problématique).
-          Poser le plan: c’est cette série de questions  circonscrivant la problématique.
N.B. : L’introduction  doit être faite en un seul paragraphe.

IV-/ DEVELOPPEMENT :
C’est l’analyse proprement dite. C’est la pensée en mouvement même cherchant, par le biais d’arguments, d’approfondissements, d’éclaircissements, à résoudre l’équation posée.
Le développement est une somme logique de parties.
La partie est une suite  logique de paragraphes.
Le paragraphe est le traitement d’une idée
·          DIFFERENTS TYPES DE SUJETS:
-          Sujet à orientation dialectique : c’est le raisonnement, ie la pensée réconciliant des thèses opposées. C’est un raisonnement à trois temps :
a-/ THESE : il convient de trouver une première position et de l’examiner. Au terme de l’analyse, on établit une transition faisant l’économie de ce qu’a dit la thèse et annonçant la seconde position, ie l’antithèse.
b-/ ANTITHESE : il s’agit d’étudier une position absolument différente et d’établir une transition qui introduit la synthèse.
c-/ SYNTHESE : c’est le troisième niveau du raisonnement dialectique. Elle dépasse et la thèse et l’antithèse. Elle comporte :
-          rétablir l’idée essentielle de la thèse
-          rétablir l’idée  essentielle de l’antithèse
-          qu’est-ce que la thèse peut accorder à l’antithèse ?
-          qu’est-ce que l’antithèse peut accorder à la thèse ?
-          Quelles sont les idées qu’elles ont en partage ?
-          Quelles sont leurs limites ?
-          Réduire thèse et antithèse en une unité ; d’où leur réconciliation.
Exp. : La raison a-t-elle toujours raison ?
           Philosopher, est-ce nier le savoir ?

-          Sujet à orientation analytique
Exp : Penser, c’est calculer.
          En quoi la philosophie est recherche de la connaissance ?
Ces types de sujets n’appellent pas une discussion. Il convient d’analyser, d’examiner, d’étudier une idée, une pensée, un fait. Le nombre de parties est laissé à l’appréciation du candidat. Toutefois, il ne peut y avoir moins de deux parties.
-          Sujet comparatif :
Exp. : Philosophie et religion
           Liberté et fatalisme
C’est l’étude de deux ou de plusieurs notions, faits ou idées. Le candidat doit s’appliquer d’abord à une analyse notionnelle pour ensuite exhumer ce que ces notions ont en commun et ce qui autorise leur distinction. Ainsi, il doit montrer leur différence et leur complémentarité :
-          Que veut dire chacune des notions ?
-          Qu’est-ce qui les différencie ?
-          Qu’est-ce qui délimite leurs champs respectif ?
-          Où peuvent-elles se réconcilier ? 
-          Qu’est-ce qui permet de les penser ensemble ?

V-/:CONCLUSION :
·         Faire l’économie du développement
·         Répondre, d’une manière précise et ferme, sans ambigüité, à la question posée
·         Dans la mesure du possible, dégager des perspectives ouvrant d’autres horizons philosophiques

N. B. :           La réponse à la question posée doit être exprimée uniquement dans la conclusion.